" Non, non à la Suède ", " Oui, oui au Coran " : manifestations en Irak, en Iran et au Liban

July 21, 2023
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Des manifestants sont descendus dans la rue vendredi 21 juillet en Irak, en Iran et au Liban pour dénoncer l’autorisation accordée par la Suède à des rassemblements pour profaner le Coran.

A l’appel de l’influent leader religieux irakien Moqtada Al-Sadr, des centaines de personnes ont manifesté à Bagdad après la prière du vendredi, mais aussi dans la ville de Nassiriya et à Nadjaf, scandant « Non, non à la Suède », « Oui, oui au Coran », selon des photographes sur place de l’Agence France-Presse (AFP).

Le ministère des affaires étrangères suédois a annoncé avoir temporairement relocalisé les opérations et le personnel de son ambassade à Bagdad, incendiée la veille par des partisans de Moqtada Al-Sadr.

Des fidèles portent des pancartes anti-américaines et anti-israéliennes lors d’une manifestation contre la Suède après que la nation nordique a permis à un Irakien de profaner le Coran, après la prière du vendredi à Téhéran, en Iran, le vendredi 21 juillet 2023. VAHID SALEMI / AP

A Téhéran, des centaines de manifestants brandissant des drapeaux iraniens et des exemplaires du Coran ont scandé : « A bas les Etats-Unis, le Royaume-Uni, Israël et la Suède », tandis que certains ont mis le feu au drapeau suédois bleu et jaune. Des centaines de personnes se sont aussi rassemblées au Liban devant des mosquées dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, et dans d’autres villes.

A Badgad, les fidèles rassemblés sur une avenue du quartier pauvre de Madinet Sadr ont scandé « Oui, oui à l’islam », « Oui, oui à l’Irak », brandissant des exemplaires du Coran et des portraits de Moqtada Al-Sadr, selon un correspondant de l’AFP.

Des partisans de Moqtada Al-Sadr se rassemblent autour d’affiches en feu représentant les drapeaux suédois et arc-en-ciel lors d’un rassemblement après la prière hebdomadaire du vendredi dénonçant l’incendie du Coran en Suède, dans la banlieue est de Sadr-City à Bagdad, le 21 juillet 2023. MURTAJA LATEEF / AFP

Les manifestants ont incendié des drapeaux arc-en-ciel, Moqtada Al-Sadr y voyant une manière d’irriter les Occidentaux et de dénoncer « le deux poids deux mesures » qui consiste selon lui à défendre les minorités LGBT+ mais à autoriser la profanation du Coran.

« A travers cette manifestation, nous voulons faire parvenir notre voix à l’ONU, pour obtenir la pénalisation de toute profanation des livres saints, ceux de l’islam, du christianisme, du judaïsme : ce sont tous des livres saints », martèle Amer Shemal, un responsable à la municipalité de Madinet Sadr.

Grave crise diplomatique entre la Suède et l’Irak

Stockholm a été le théâtre de deux profanations du Coran, à la fin de juin puis le 20 juillet, organisées par un réfugié irakien. Jeudi, ce dernier a piétiné et mis en pièces un exemplaire du livre, sans toutefois y mettre le feu comme prévu. La police suédoise avait autorisé ces rassemblements au nom de la liberté de réunion, assurant que cela n’équivalait pas à approuver ce qui s’y produirait.

Mais ces initiatives ont provoqué une grave crise diplomatique entre la Suède et l’Irak, qui a décrété jeudi l’expulsion de l’ambassadrice suédoise. A deux reprises également, des partisans de Moqtada Al-Sadr ont envahi l’ambassade de Suède à Bagdad, incendiée jeudi. « Les opérations de l’ambassade et son personnel expatrié ont été temporairement relocalisés à Stockholm pour des raisons de sécurité », a annoncé la diplomatie suédoise.

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L’Arabie saoudite et l’Iran, deux poids lourds régionaux, ont convoqué les représentants des missions diplomatiques suédoises dans leurs pays.

Avec le dossier suédois, Moqtada Al-Sadr envoie « des messages à son public » et des « avertissements » à ses « adversaires politiques » : « “j’ai conservé la même force, je peux revenir à tout moment” », estime le politologue Ali Al-Baidar. Son courant cherche également à « être vu comme le berger du dossier religieux en Irak », souligne-t-il, et à donner à l’affaire « une échelle internationale ».

« Comment cela va être exploité politiquement, ou être instrumentalisé à des fins électorales [...] dépendra de la volonté de Sadr », ajoute-t-il, évoquant la cruciale élection des conseils provinciaux prévue en décembre.

Source: Le Monde