"Je suis à bout": faute de logement social, Caroline vit dans sa voiture avec son fils sur une aire d’autoroute à côté de Toulon

July 23, 2023
489 views

Seuls les rires des touristes et le ronron de la circulation parviennent à atténuer le chant des cigales, ce midi-là. En ce mois de juillet, l’aire d’autoroute de La Garde, aux portes de Toulon, accueille les pauses des automobilistes sur la route des vacances. À l’intérieur du restaurant climatisé, les employés prennent le temps de discuter avec les clients de passage. La bonne humeur règne.

À quelques mètres de là pourtant, une profonde tristesse se lit sur le visage d’une femme assise à l’ombre, à côté de sa voiture. C’est aussi sa maison. Caroline vit dans sa petite Peugeot grise, sur cette zone de repos de l’A57, longtemps appelée aire de La Chaberte. À ses côtés, son fils Stanislas, 22 ans, semble abattu par la chaleur et la fatigue. Il est son compagnon de misère.

"Ça fait quatre ans qu’on attend un logement social…"

"Avant, on louait un appartement à La Valette, mais il était insalubre. On ne s’entendait pas avec la propriétaire, qui a fini par nous mettre dehors, explique la femme de 43 ans. On habite ici depuis mars. Il y a des toilettes, des douches, ça m’a semblé la moins mauvaise solution…" Caroline reprend son souffle, ne sait plus dans quel ordre raconter ses galères. "Se retrouver là, j’aurais jamais imaginé. Mais est-ce qu’on avait le choix?"

Comme souvent dans pareille situation, les emmerdes ont volé en escadrille. Il y a eu d'abord les ennuis de santé. Puis de grosses réparations à effectuer sur la voiture ont eu raison des dernières économies du binôme.

Seul, le RSA ne suffisait plus pour payer un loyer. "Ça fait quatre ans qu’on attend un logement social. Quatre ans qu’on est sur liste d’attente! Si on l’avait eu avant, on n’en serait pas là", poursuit Caroline, la voix tremblante.

Son fils se lance dans l’apprentissage

Elle assure ne pas parvenir à trouver un emploi d’agent d’entretien - "ma priorité". Son épaule douloureuse ne joue pas en sa faveur. Son fils, lui, va commencer en septembre son apprentissage dans une petite entreprise de plomberie. Caroline s’accroche à cet horizon, censé ramener un semblant de normalité dans ce quotidien baigné par les effluves d’hydrocarbures, où la détresse a fait son nid. "J’espère qu’on sera parti d’ici. Faire sa journée de travail et revenir dormir dans la voiture, il ne va pas tenir…"

À La Chaberte, certaines personnes les aident, comme cette employée de l’aire de repos, qui se propose pour leur faire des lessives. Et ne se départ jamais de son sourire. D’autres sont plus indifférents. La nuit, l’environnement est souvent hostile, avec ces jeunes trublions venus de l’extérieur ou ces automobilistes libertins, régulièrement intrusifs. Et parfois, la malchance débarque, sans crier gare, encore et encore. La semaine dernière, Caroline s’est fait voler son portable.

Les services sociaux suivent leur dossier, leur fixent régulièrement des rendez-vous, pour lesquels l’essence est économisée, "mais rien ne bouge".

Caroline est désespérée. "On aimerait être entendu, on veut s’en sortir mais c’est comme si tout le monde nous avait abandonnés. Je suis à bout.". Plus loin sur le parking, les enfants d’une famille de vacanciers italiens se lancent dans une bataille d’eau. Caroline, elle, ne retient plus ses larmes.

Source: Nice matin