"On était accompagnés par des hommes armés car des pirates pouvaient se trouver sur notre chemin": le récit d'une marin cannoise
Cet hiver, Rosana a participé au convoyage d’un catamaran. Avec un équipage, elle a amené le bateau d’Ajaccio aux Seychelles en passant par la mer Rouge. Une des mers les plus dures à naviguer. Son employeur, Dream yacht charter, a pour habitude de faire des doubles saisons. Une fois l’été fini dans un hémisphère, il envoie ses bateaux dans l’autre.
"On était accompagnés par des hommes armés car des pirates pouvaient se trouver sur notre chemin", commence Rosana.
Un premier arrêt en Erythrée
Une fois Djibouti passé, les bateaux naviguent au large des côtes de la Somalie et du Yémen. "Ce sont des pays dangereux pour lesquels on nous a conseillé de ne pas nous arrêter. Si on a un problème, mieux vaut attendre qu’on vienne nous aider en mer", poursuit-elle.
Mais avant même d’arriver là, leur bateau souffre d’une avarie au large de l’Érythrée. "On n’avait pas le droit de s’y arrêter mais on ne pouvait pas prévenir les garde-côtes. On avait des problèmes de radio. On s’est donc arrêtés dans un endroit désert. On ne se doutait pas que les militaires nous verraient", raconte Rosana. Une fois découvert, l’équipage a passé la nuit devant la base militaire.
"Ils nous ont tout pris"
Le lendemain, ils ont suivi les Érythréens pendant sept heures de navigation, jusqu’à un port désaffecté. "On a dû effacer toutes les photos qu’on a prises près des côtes, puis ils nous ont tout pris : nos passeports, nos moyens de communication…", se souvient-elle. Heureusement, l’équipage avait réussi à cacher un téléphone satellite, qui leur a permis de communiquer avec le quai d’Orsay.
Au bout d’une semaine, les militaires reviennent et acceptent de les laisser partir à la condition qu’ils laissent leurs armes. "On n’avait même pas traversé l’endroit le plus dangereux. Mais on n’avait pas le choix, on a accepté et on est parti en se mettant dans le sillage des cargos", termine Rosana.
Tout ça pour, une fois arrivés à Djibouti, devoir faire demi-tour car la compagnie ne voulait plus les assurer sans armes. Quatre volontaires ont fait le voyage en sens inverse. La traversée devait durer un mois, elle en a finalement pris deux.
Source: Nice matin