Elections législatives en Espagne : gauche et droite au coude-à-coude après le dépouillement de deux tiers des suffrages
37,5 millions d’électeurs espagnols étaient appelés aux urnes, dimanche 23 juillet, pour les élections législatives. JOAN MATEU PARRA / AP
En Espagne, le Parti socialiste (PSOE), mené par le président du gouvernement sortant, Pedro Sanchez, et le Parti populaire (PP, conservateurs), mené par le Galicien Alberto Nuñez Feijoo, étaient au coude-à-coude, dimanche 23 juillet dans la soirée, après le dépouillement de deux tiers des suffrages aux élections législatives.
Le ministère de l’intérieur projetait, à 22 h 20, 132 sièges pour la droite et 126 pour la gauche. En troisième position, le parti d’extrême droite Vox était crédité de 33 sièges, devant le mouvement de gauche Sumar, allié de M. Sanchez, qui obtiendrait 30 sièges.
Même avec l’appui de Vox, le PP disposerait donc de seulement 165 sièges, loin de la majorité absolue, qui est de 176 sièges. En revanche, le bloc de gauche, avec potentiellement 157 sièges, semblait dans une position paradoxalement plus favorable pour se maintenir au pouvoir grâce à l’appui de plusieurs petites formations basques et catalanes qui pourraient lui apporter les 19 sièges qui lui manquent pour atteindre la majorité absolue.
Une telle issue constituerait une énorme surprise : toutes les enquêtes d’opinion publiées jusqu’à lundi – en Espagne, leur diffusion est interdite cinq jours avant le scrutin – estimaient quasi certaine une victoire des conservateurs après la déroute de la gauche lors des élections locales de mai. C’est d’ailleurs cet échec qui avait convaincu M. Sanchez, au pouvoir depuis cinq ans, de convoquer ce scrutin anticipé.
Une élection est « très importante pour l’Europe »
Le pays attendait fébrilement les résultats de ces élections législatives, également très scrutées ailleurs en Europe, en raison de la possible arrivée au pouvoir d’une alliance entre le PP et le parti ultraconservateur Vox – ultranationaliste, europhobe, rejetant l’existence des violences de genre, critiquant le « fanatisme climatique », anti-LGBT, anti-avortement.
Un tel scénario, qui semble maintenant très improbable, aurait marqué le retour au pouvoir de l’extrême droite en Espagne pour la première fois depuis la fin de la dictature franquiste en 1975, il y a près d’un demi-siècle.
M. Feijoo avait déclaré après avoir voté qu’il espérait que l’Espagne « entame une nouvelle ère », mais tout semblait montrer dimanche soir qu’il n’atteindrait pas son but.
Cette élection est « très importante (…) pour le monde et pour l’Europe », avait estimé, de son côté, M. Sanchez, qui a fait de Vox un épouvantail afin de jouer sur la peur de l’extrême droite. Dénonçant « le tandem formé par l’extrême droite et la droite extrême », il a estimé qu’un gouvernement de coalition PP/Vox « serait non seulement un recul pour l’Espagne » sur le plan des droits, « mais aussi un sérieux revers pour le projet européen ».
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Dans une tribune publiée dimanche sur Le Monde, l’ancien premier ministre travailliste britannique Gordon Brown a estimé qu’une entrée de Vox au gouvernement – synonyme, selon lui, de « capitulation des conservateurs espagnols face à l’extrême droite » – « aurait des répercussions sur tout le continent » européen.
Source: Le Monde