Législatives espagnoles : la clé des élections se trouve en Catalogne

July 24, 2023
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Le premier ministre espagnol et candidat du Parti socialisteouvrier espagnol (PSOE) à la réélection, Pedro Sanchez, après les élections générales espagnoles au siège du PSOE, à Madrid, le 23 juillet 2023. JAVIER SORIANO / AFP

Avec 34,4 % des voix – 14 points de plus qu’en 2019 – le Parti socialiste a remporté les élections législatives avec une ample majorité dans les quatre circonscriptions électorales catalanes. « Les Espagnols ont dit non à un gouvernement du PP et de Vox et au retour en arrière. Ils ont dit oui à une Espagne plurielle et diverse, au vivre ensemble, au dialogue, au progrès et à Pedro Sanchez », s’est félicitée la tête de liste socialiste, Meritxell Batet. Avec plus de 1,2 million d’électeurs en Catalogne, le Parti socialiste catalan (PSC) frôle un record historique et explique en grande partie comment les socialistes ont réussi à faire mentir les sondages qui laissaient présager une débâcle en Espagne. C’est le signe que la politique d’« apaisement » en Catalogne, prôné par le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, fonctionne.

Le PSC devance largement la deuxième force politique, qui n’est autre que son allié naturel et partenaire de coalition éventuel, le mouvement de la gauche alternative, régionaliste et écologiste, Sumar, à 14,3 % des voix. A eux deux, ils rassemblent ainsi près de 49 % des voix. Plus surprenant encore, le Parti populaire (PP) arrive en troisième position, avec près de 13 % des suffrages (+ 6 points). Le cumul des voix des trois partis indépendantistes catalans ne dépasse pas 25 % des suffrages. Et pourtant ce sont bien eux, même affaiblis, qui détiennent la clé d’une hypothétique reconduite au pouvoir de la gauche espagnole. La question, cependant, est : à quel prix ?

« Ce ne sont pas les résultats que nous voulions (…) mais l’indépendantisme peut faire pencher la balance, a souligné la tête de liste de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), Gabriel Rufian, dimanche soir. Dès à présent je suis à disposition pour faire ce que j’ai dit durant la campagne : fixer un prix. Il faut présenter aux soi-disant progressistes le dilemme suivant : la Catalogne ou Vox. »

ERC a déjà soutenu la précédente législature, et obtenu, en échange, l’engagement de négociations politiques bilatérales entre le gouvernement régional catalan et le gouvernement central, afin d’avancer dans la résolution du conflit catalan. Il a aussi négocié les grâces des leaders indépendantistes condamnés en 2019 pour « sédition », puis la suppression de ce délit du code pénal et une réforme du délit de malversation ad hoc pour ceux qui se sont « exilés ». Chaque loi de finances approuvées a obligé Madrid à faire de nouvelles concessions.

Adepte de la politique du pire

Cependant, cette collaboration fructueuse pour les intérêts des indépendantistes n’a pas tant bénéficié électoralement à ERC qu’au Parti socialiste (PSOE), qui a remporté les trois dernières élections en Catalogne. Et la Gauche républicaine de catalogne a laissé entendre durant la campagne que si son aide était nécessaire pour que Sanchez se maintienne au pouvoir, elle ferait monter les enchères.

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Source: Le Monde