Deux pasteurs kényans devant les tribunaux pour le "massacre de Shakahola"

May 02, 2023
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Une trentaine de fosses communes ont été retrouvées la semaine dernière dans cette forêt de la côte kenyane. Les victimes, sous l'influence de l'Église Internationale de Bonne nouvelle auraient jeûné jusqu'à la mort pour «rencontrer Jésus».

Deux pasteurs kényans comparaissent en justice mardi, soupçonnés d'être impliqués dans la mort d'au moins 109 personnes dans une forêt du sud-est du Kenya, une affaire qui a suscité effroi et incompréhension dans ce pays religieux d'Afrique de l'Est. Pasteur autoproclamé de l'Église Internationale de Bonne Nouvelle, Paul Mackenzie Nthenge doit être présenté à un tribunal de la ville de Malindi. Il est accusé d'avoir poussé ses adeptes à mourir de faim «pour rencontrer Jésus» dans la forêt voisine de Shakahola.

Ezekiel Odero, un des plus influents pasteurs du pays, est, lui, attendu au tribunal de Mombasa, la deuxième ville du pays, où il a été transféré après son arrestation à Malindi jeudi. Il a été placé en détention, le temps de mener des investigations sur sa possible implication dans ce qui est désormais connu sous le nom de «massacre de la forêt de Shakahola».

C'est dans cette forêt de la côte kényane où se réunissaient les fidèles de la secte de Paul Mackenzie Nthenge qu'ont été retrouvées plus d'une trentaine de fosses communes, contenant plus d'une centaine de corps dont une majorité d'enfants, selon un bilan encore provisoire. Paul Mackenzie Nthenge - qui s'est rendu à la police le 14 avril, après la première opération policière dans la forêt - est visé, avec 13 autres personnes, par des accusations de «meurtre», «complot en vue de meurtre», «enlèvement en vue d'enfermer» et «cruauté envers les enfants», entre autres, selon des documents judiciaires consultés par l'AFP.

Famine et asphyxie

Les enquêteurs soupçonnent que les victimes sont mortes de faim après avoir suivi ses préceptes de jeûner jusqu'à la mort pour «rencontrer Jésus». De premières autopsies lundi sur 10 corps ont également révélé des décès d'enfants par asphyxie.

«Aucun organe ne manquait», a précisé à la presse le chef des services nationaux de médecine légale, le Dr Johansen Oduor. Les résultats complets de l'identification par prélèvement ADN pourraient ne pas être connus avant «des mois», a-t-il ajouté. Les victimes pourraient ne pas toutes être des membres de l'Église Internationale de Bonne Nouvelle. L'affaire a connu un rebondissement inattendu jeudi avec l'arrestation d'Ezekiel Odero.

Enquêtes multiples en cours

Un tribunal de Mombasa doit statuer mardi sur une demande des procureurs de le maintenir en détention pour 30 jours, car «il existe des informations crédibles reliant les corps exhumés (...) à Shakahola» avec «plusieurs adeptes innocents et vulnérables (de l'église d'Odero) qui auraient trouvé la mort», estiment-ils.

Ce riche et célèbre télévangéliste, à la tête de son église appelée Centre de prière et Église de la Vie Nouvelle, est notamment visé par des enquêtes pour «meurtre», «aide au suicide», «enlèvement», «radicalisation», «crimes contre l'humanité», «cruauté envers des enfants», «fraude et blanchiment d'argent».

«Terroristes»

Ce scandale a ébranlé le Kenya, pays majoritairement chrétien qui compte 4000 «églises», selon des chiffres officiels. Les autorités sont sous le feu des critiques pour ne pas avoir empêché les agissements de Paul Mackenzie Nthenge, pourtant arrêté à plusieurs reprises pour ses prêches extrêmes. Le président William Ruto a promis des mesures contre ceux qui «utilisent la religion pour faire avancer une idéologie louche et inacceptable», qu'il a comparés à des «terroristes».

Source: Le Figaro