VIDÉOS - Maintien d'Elisabeth Borne, "ordre", école : ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron
Emmanuel Macron s'est exprimé, à 13h ce lundi, dans les journaux télévisés de TF1 et France 2 . Il a répondu aux questions des journalistes des deux chaînes, en duplex depuis Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Le Président débute en effet un déplacement d'une semaine dans le Pacifique.
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L'essentiel
Emmanuel Macron a justifié le maintien d'Elisabeth Borne à son poste de Première ministre
Le président a dressé le bilan des "100 jours d'apaisement" en vantant les mesures prises ces derniers mois
Il y aura un professeur devant chaque classe à la rentrée, a assuré Emmanuel Macron
Après les émeutes, le Président prône "l'ordre, l'ordre, l'ordre" et "un retour de l’autorité à chaque niveau"
Les policiers ne sont pas "au-dessus de la loi", a affirmé le président
La baisse d'impôts de deux milliards d'euros pour les classes moyennes est confirmée
"Tout le monde doit faire sa part" cet été face à la sécheresse et aux feux de forêt, estime le Président
Emmanuel Macron justifie le maintien d'Elisabeth Borne au poste de Première ministre
Emmanuel Macron a justifié son choix de maintenir Elisabeth Borne au poste de Premier ministre, en dressant le bilan des "100 jours" qu'il avait lancé en avril. Il a vanté les décisions prises par le gouvernement.
"Texte par texte, le Parlement a réussi à faire passer des réformes avec à chaque fois une majorité", s'est-il justifié alors qu'il était interrogé sur la majorité relative au Parlement, qui freine le gouvernement dans l'adoption de ses réformes. Celui qui avait demandé en mars à Elisabeth Borne d'élargir sa majorité relative, après l'adoption de sa réforme contestée des retraites, a minimisé l'échec de la cheffe du gouvernement : "Il n'y a pas de majorité de rechange" à l'Assemblée, a-t-il estimé. "Je ne crois pas aux coalitions" de gouvernement "formelles", a-t-il ajouté. "Il y a eu parfois des jours avec et il y a eu aussi des jours sans", mais "le gouvernement a avancé, décidé, fait passer des textes, été efficace, ce qui justifie ce choix de confiance pour Madame la Première ministre, et d'efficacité", a ajouté le président de la République.
Un professeur devant chaque classe à la rentrée
Interrogé sur la question de savoir si tous les élèves auront un enseignant devant leur classe à leur rentrée, Emmanuel Macron a assuré que chaque élève aura "un professeur devant chaque classe à la rentrée". Il a vanté "une série de petites révolutions", qui passent par la réforme de la formation et une meilleure rémunération. "De nombreux contractuels seront en poste à la rentrée", a-t-il affirmé, précisant que l'Education nationale "continue à recruter" des contractuels pour assurer la rentrée. Il a aussi vanté "le pacte enseignant" qui va demander aux enseignants de remplir plus de missions en échange d'une meilleure rémunération, notamment en remplaçant leurs collègues absents. "Nous aurons un système de remplacement beaucoup plus efficace", a-t-il assuré : "Nous mettons en place pour la rentrée un système qui permettra de ne plus perdre d'heures (d'enseignement)", "d'abord" en assurant les modules de formation des enseignants "hors du temps de présence devant les élèves", "et ensuite en ayant un système de remplacement plus efficace grâce au pacte", a déclaré le président. " On accueillera dès deux ans les enfants dans les quartiers le plus en difficulté, on va réduire les classes en moyenne section de maternelle, après la grande section, le CP et le CE1, on va mettre en place la demi-heure de sport automatique, le soutien pour les décrocheurs, et dans tous nos collèges dans les quartiers plus sensibles, la possibilité d'être accueilli de 8h à 18h pour être mieux accueilli, mieux accompagné", a-t-il dit. Il a aussi rappelé qu'une fois tous les 15 jours, des stages d'éducation sur les métiers seront mis en place, pour leur apprendre les métiers et les parcours possibles.
"La réforme de ce baccalauréat, dont on a vu les limites, les difficultés, avec des épreuves qui finissent trop tôt, j'ai demandé qu'on puisse avoir des changements de bon sens", a-t-il dit. On va continuer à améliorer Paroucrsup pour avoir des rendez-vous réguliers, un parcours plus humain, a-t-il affirmé. "L'école est un immense chantier sur lequel on continue d'avancer, a-t-il dit.
Face aux émeutes, "il n'y a pas de liberté sans ordre"
Interrogé sur ce qu'il retenait des violences urbaines qui ont secoué le pays fin juin et début juillet, le Président a affirmé que "l'ordre doit prévaloir. Il n'y a pas de liberté sans ordre, c'est l'ordre républicain et le retour au calme", selon lui. De "cette violence qui a conduit à brûler des mairies, des gymnases, des bibliothèques" et de cette "violence de pillage", "la leçon que j’en tire, c’est l’ordre, l’ordre, l’ordre", a-t-il dit. "La deuxième, c’est que notre pays a besoin d’un retour de l’autorité à chaque niveau, et d’abord dans la famille”, a-t-il estimé. Il a précisé parler d*'"autorité à l'école, autorité des élus, de nos forces de sécurité".* Mais il a aussi répété sa volonté d'ouvrir le chantier de "l'autorité parentale". "C'est tout le chantier que je veux pouvoir ouvrir à la fin de l'été, celui de l'autorité parentale, ce n'est pas à l'Éducation nationale, encore moins à la police de régler le problème", a-t-il jugé. "On doit responsabiliser certaines familles, on doit aussi accompagner d'autres familles qui sont dans la détresse et on doit réinvestir massivement sur notre jeunesse pour lui redonner un cadre", a-t-il dit.
"Trouver un ordre public numérique"
"Beaucoup de ces jeunes ont organisé ces émeutes” via les réseaux sociaux, a rappelé le Président. "Ils ont parfois fait des concours par certains réseaux et donc on doit réussir là aussi d'abord à mieux protéger nos enfants et nos jeunes adolescents des écrans", a-t-il expliqué. “On doit réussir à retirer les contenus lorsqu’ils appellent à la violence et trouver un ordre public numérique, qui permette de prévenir ces débordements", a-t-il déclaré, réitérant le souhait exprimé dans la foulée des violences urbaines.
Les policiers ne sont pas "au-dessus de la loi"
Interrogé sur la polémique qui traverse la police, alors que le directeur général de la police nationale apporte son soutien au policier de la BAC de Marseille placé en détention provisoire pour des soupçons de violences policières, Emmanuel Macron a affirmé comprendre "l'émotion" des policiers. Mais "nul en République n'est au-dessus de la loi", a-t-il affirmé.
Emmanuel Macron a refusé de commenter les propos polémiques de Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, qui estime qu'"avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison".
La "légitimité" des policiers "tient du fait qu'ils protègent le cadre républicain et qu'ils font respecter les lois démocratiquement votées", a ajouté le Président. "Bien évidemment, eux-mêmes s'inscrivent dans le cadre de la loi et de l'état de droit", a-t-il souligné. "C'est une décision qui a été prise par un magistrat et donc je ne me prononcerai pas sur celle-ci", a expliqué le chef de l'Etat, rappelant qu'il est "le garant des institutions et aussi de l'indépendance de l'autorité judiciaire". Après avoir rappelé que 900 policiers avaient été blessés lors des émeutes et qu'ils avaient été confrontés à une "violence extrême", Emmanuel Macron a aussi souligné l'importance "d'entendre cette émotion".
Quatre policiers ont été mis en examen vendredi, l'un d'eux placé en détention provisoire. Ils sont soupçonnés d'avoir tiré au LBD sur un jeune homme de 21 ans avant de le passer à tabac, en marge des récentes émeutes.
La baisse d'impôts de deux milliards d'euros confirmée
Emmanuel Macron a également confirmé la baisse de l’impôt de 2 milliards d’euros pour les classes moyennes. "Je confirme cette décision", a-t-il dit*. "Elle sera inscrite dans la loi pluriannuelle de dépenses publiques”,* a-t-il ajouté.
La hausse de 10% de l'électricité est "proportionnée"
Emmanuel Macron a également estimé que la nouvelle hausse de 10% des tarifs réglementés de l'électricité au 1er août était une "décision proportionnée", rappelant que le "contribuable paye ce que le consommateur ne paye pas". "Cette hausse de l'été" est "importante pour beaucoup de nos compatriotes qui sont déjà dans la difficulté, mais je pense que c'est une décision proportionnée", a plaidé le Président.
"L'augmentation des prix de l'énergie" est un "impôt de l'extérieur qui est dû à beaucoup de phénomènes géopolitiques et à des dérèglements de marché qui sont maintenant en train de se stabiliser", a rappelé le chef de l'Etat. "La nation a investi environ 40 milliards d'euros pour absorber ce choc mais c'est quelque part le contribuable (...) qui paye ce que le consommateur ne paye pas", a-t-il insisté. Selon lui, "quand on regarde les pays voisins européens, on aura beaucoup moins augmenté l'électricité dans notre pays que chez la plupart des voisins".
Sécheresse, eau, incendies : "Tout le monde doit faire sa part"
Interrogé sur l'été qui s'annonce marqué par la canicule, la sécheresse et les feux de forêt, le Président a également défendu les décisions prises ces derniers mois. "À la fin des feux de l'année dernière, nous avons pris une série de décisions : nous avons acquis davantage de matériel, renforcé la flotte, amélioré le statut des pompiers volontaires et des militaires".a rappelé Emmanuel Macron. "Nous abordons l'été avec des équipements et du personnel mieux adaptés. Nous avons aussi pris un plan eau, pour préparer l'été en réduisant les consommations inutiles. Nous avons mis en place des dispositifs d'alerte avec Météo France. Tout le monde doit faire sa part", a estimé le chef de l'État.
"A la fin de l'été, le gouvernement présentera sa planification écologique secteur par secteur, avec ce même cap de la neutralité carbone en 2050", a rappelé le Président. On va demander aux industriels, agriculteurs, citoyens, collectivités de contribuer, et donner les moyens qui vont avec. Nous allons investir dès l'année prochaine plusieurs milliards", a indiqué Emmanuel Macron. Parmi les pistes évoquées : "rouvrir des usines qui produisent des panneaux solaires, développer l'économie circulaire, la rénovation énergétique, réduire émission gaz à effets de serre tout en protégeant la biodiversité, et ainsi renforcer l'indépendance de la France", a ajouté le Président.
"Nous devrons faire deux fois plus vite" que les cinq dernières années, durant les cinq années qui viennent, pour réduire nos émissions de CO2 et tenir les objectifs climatiques, a plaidé le président.
Le 49.3 pas exclu pour faire adopter un texte sur l'immigration
Interrogé sur le texte prévu sur l'immigration, Emmanuel Macron a dit avoir "bon espoir" que les oppositions "républicaines" "aident à bâtir un texte" sur l'immigration, en suggérant qu'il n**'exclurait pas de recourir au 49.3 pour le faire adopter,** au nom de "l'efficacité".
"J'ai bon espoir que les oppositions républicaines qui veulent que le pays soit mieux protégé dans ses frontières, (...), et intègre mieux ceux qui sont là et aident la Nation à réussir, qu'en bonne foi, elles nous aident à bâtir un texte", a-t-il affirmé. "Après, la Constitution prévoit des chemins pour les textes et j'aurai la responsabilité que l'efficacité soit au rendez-vous", a-t-il ajouté, dans une allusion à la possibilité pour le gouvernement de recourir à l'article 49.3 qui permet l'adoption du texte sans vote.
Source: France Bleu