Mondiaux de natation : Maxime Grousset médaillé de bronze sur 50 mètres papillon
Maxime Grousset, lors des demi-finales du 50 mètres papillon, dimanche 23 juillet 2023 à Fukuoka (Japon). FRANCOIS-XAVIER MARIT / AFP
En milieu d’après-midi, lundi 24 juillet (heure de Tokyo), la foudre s’est brutalement abattue sur le complexe aquatique du Marine Messe de Fukuoka (sud-ouest de l’archipel japonais), qui accueille les championnats du monde de natation jusqu’à dimanche. Quelques heures plus tard, Maxime Grousset faisait une longueur de bassin en espérant nager à la vitesse de l’éclair. Mais le Français s’est montré trop tempétueux en fin de course et décroche finalement le bronze sur 50 mètres papillon en 22 secondes et 82 centièmes, derrière l’Italien Thomas Ceccon (22 secondes et 68 centièmes) et le Portuguais Diogo Matos Ribeiro (22 secondes et 80 centièmes).
Au lendemain du titre retentissant de champion du monde sur 400 mètres 4 nages de Léon Marchand – en effaçant l’ultime record que détenait la légende américaine Michael Phelps –, son compatriote de 24 ans a, lui aussi, réussi son entrée en lice malgré une médaille au petit goût amer. « Je suis forcément un peu déçu, je fais deux courses en terminant premier et je pense que j’aurais pu faire une meilleure touche, ça m’arrive souvent, c’est dommage que ce soit maintenant. Je me sentais plus rapide que ça, mais on ne va pas cracher sur une médaille mondiale, la 3e pour moi, pas la dernière j’espère ! », a réagi le Français à sa sortie du bassin.
Le protégé de Michel Chrétien était entré tambour battant dans sa compétition, en améliorant son record de France dès les séries dimanche matin (22 secondes et 74 centièmes), le ratiboisant de seize centièmes, subtilisant au passage le record de France, propriété depuis 2009 de Frédérick Bousquet, égalé par Florent Manaudou lors de son titre mondial en 2015. « Et je ne compte pas m’arrêter là », avait prévenu, sourire en coin, ce faux dilettante, en sortant du bassin. Sans aucune forfanterie : le grand costaud (1,92 mètre pour 92 kilos) a remis ça en demi-finale dimanche soir, avec un chrono cette fois de 22 secondes et 72 centièmes, rien de moins que lahuitième meilleure performance de tous les temps. Seul petit regret : en finale, ce temps lui aurait valu une médaille d’argent.
Et peu importe que l’épreuve compte presque pour du beurre, puisqu’elle ne figure pas au programme des Jeux olympiques. « Si je suis champion du monde, tant mieux. C’est du bonus. Je suis là pour entrer dans la compétition », résumait Grousset, dimanche 23 juillet, après sa demi-finale. Le Français avait déjà été médaillé d’argent sur la distance aux championnats d’Europe, à Rome, en août 2022.
De l’appétit à revendre
« C’est cool, réagissait le nageur après sa demi-finale, avec son flegme habituel et son style aussi expéditif que ses battements d’ailes sur l’eau. C’était sympa, je me suis vraiment bien senti sur le départ. » Grousset avait pourtant des raisons de verser un peu plus dans l’emphase. Avant la finale et la perfromance de l’Italien Ceccon, seul le Russe Oleg Kostin avait nagé plus vite que lui cette saison (22 secondes et 62 centièmes). Mais ce dernier est absent des championnats du monde de Fukuoka, comme tous ses compatriotes et les nageurs biélorusses – ils sont bannis depuis l’invasion de l’Ukraine, en février 2022.
Il avait donc hérité de la pancarte de « grand favori » d’une course sur laquelle on ne l’attendait pas forcément, contrairement au 100 mètres nage libre ou au 50 mètres nage libre, dont les finales sont prévues respectivement jeudi et samedi. Aux derniers Mondiaux, à Budapest, en juin 2022, le sprinteur de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance avait décroché l’argent sur la course reine et le bronze sur l’aller simple, mais il était resté aux portes de la finale sur 50 mètres papillon (9e). « On apprend de ses erreurs. Le pap’, ce n’est pas évident. J’ai mis du temps à comprendre que ma nage était plutôt puissante, et non pas basée sur de la fréquence. » C’est en travaillant à l’entraînement l’épreuve de l’aller-retour sur papillon qu’il a eu le déclic : « Je prends du plaisir sur 100 mètres pap’, je prends du plaisir sur 50 mètres pap’, les deux sont liés. »
Lors des championnats de France à Rennes, mi-juin, le sprinteur s’est aventuré sur le 100 mètres papillon, qu’il nageait peu jusqu’ici, s’appropriant le record de France en 50 secondes et 61 centièmes. A Rennes, Grousset a surtout envoyé un message à la concurrence. A cinq semaines des Mondiaux, il a réalisé la deuxième meilleure performance mondiale de l’année, derrière les 50 secondes et 36 centièmes du Canadien Joshua Liendo. « C’est une dinguerie », commentait-il, alors qu’un tel chrono lui aurait offert une médaille d’argent mondiale en 2022, derrière les 50 secondes et 14 centièmes de Kristof Milak. Le Hongrois, qui avait réalisé le doublé à domicile l’été dernier en étant sacré champion du monde du 200 mètres papillon, est un des grands absents au Japon, en proie à des problèmes de santé mentale.
A Fukuoka, Grousset espère pouvoir concilier le 50 mètres nage libre et le 100 mètres papillon, dont les finales sont prévues samedi, à seulement trente-trois minutes d’écart. Mais le nageur de Michel Chrétien a de l’appétit à revendre : avec les relais, il pourrait être amené à plonger à seize reprises cette semaine. « Quand on aime, on ne compte pas ! », rigolait ce compétiteur, samedi, à la veille du début des Mondiaux.
Ce n’est pas ce marathon aquatique qui va effrayer ce grand gaillard qui ne craint pas de braver les requins-tigres et bouledogues quand il retourne plonger ou faire du surf dans les lagons de Nouvelle-Calédonie, son île natale.
Source: Le Monde