En Chine, les animaux domestiques, nouvelles coqueluches de la jeunesse dorée
Dans le centre de Pékin, à quelques centaines de mètres du ministère des affaires étrangères, une galerie commerciale d’un genre nouveau vient d’ouvrir ses portes. The Box, c’est son nom, n’accueille que des marques destinées à la jeunesse urbaine chinoise branchée. On peut y acheter des casquettes fluo, des shorts ultra-courts ou au contraire des tee-shirts ultra-longs, mais aussi s’initier au skate et jouer au basket, le tout sur fond de musique techno.
L’un des plus grands magasins de cette galerie n’est autre que Marsmart, un supermarché qui ne vend que des produits pour animaux domestiques : colliers, laisses, litières, mais aussi gilets, chaussons, chaussures de ville, casquettes, pare-soleil, couches-culottes, nourriture bio, boissons spécialement adaptées – y compris une eau spéciale pour chiens et chats –, bacs de douche…
On y trouve des centaines de références. « Après Shanghaï, la “pet culture” [culture des animaux domestiques] débarque à Pékin », observe la représentante de Sputnik, une marque taïwanaise spécialisée dans les tee-shirts, Frisbee, bols et couvre-chefs pour chiens, venue assister à l’ouverture de cet espace orange fluo.
A environ 1 600 kilomètres de la capitale, à Wenzhou (est), cette évolution n’est pas passée inaperçue. Depuis une vingtaine d’années, Shuitou, 120 000 habitants, l’une des communes qui composent cette énorme agglomération réputée pour le sens des affaires de ses habitants, se spécialise progressivement dans ce créneau. « Au début, mon père travaillait le cuir. Mais, dans les années 1990, des clients ont commencé à nous demander des colliers et des laisses. Désormais, nous fabriquons aussi des gilets pour chien, et nous allons nous lancer dans le coussin pour voiture », explique Nick Wang, le patron de UnitePet, une entreprise qui emploie jusqu’à cent dix personnes.
« Jusqu’à présent, nous travaillions surtout pour les Américains ou les Européens. Nous fournissons des marques comme Auchan. Non seulement [l’ex-président des Etats-Unis, Donald] Trump a augmenté les taxes de 25 %, mais le marché chinois croît de manière exponentielle. Il faut vraiment que je m’y intéresse davantage », reconnaît cet ancien médecin de 43 ans en servant du thé vert et en jetant un coup d’œil sur l’écran qui lui permet de surveiller en permanence les ateliers se trouvant au-dessus de son bureau.
Stratégie gagnante
A quelques rues de là, Pan Chunbin tient le même raisonnement. Longtemps, le vice-directeur général de PetPal, une société spécialisée dans l’alimentation des animaux domestiques, ne visait que le marché étranger. Une stratégie gagnante : PetPal s’est introduite à la Bourse de Shenzhen en 2017 et, grâce à ses usines au Vietnam et au Cambodge qui emploient trois mille personnes, ce groupe de cinq mille employés contourne les sanctions commerciales américaines.
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Source: Le Monde