LVMH surfe sur les remous du marché du luxe

July 25, 2023
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Les ventes du groupe ont augmenté de 17 % depuis janvier, au même rythme qu'en 2022.

Dans un marché mondial du luxe traversé par de nouveaux soubresauts, le leader mondial LVMH réussit à maintenir son impressionnant rythme de croissance. Son chiffre d'affaires a atteint 42,24 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 17 % sur un an. Une hausse identique à celle enregistrée sur l'ensemble de l'année 2022. Son résultat opérationnel a, lui, progressé de 13 %, à 11,6 milliards d'euros.

« LVMH réalise une excellente performance au cours d'un semestre encore marqué par des incertitudes économiques et géopolitiques, souligne son PDG, Bernard Arnault. Nos maisons ont continué de faire rêver grâce à leur forte dynamique créative et à l'excellence de leur distribution, comme en témoigne l'enthousiasme autour du premier défilé de Pharrell Williams pour Louis Vuitton ou encore de la réouverture du landmark new-yorkais de Tiffany & Co. La désirabilité de nos marques nous fait aborder la seconde partie de l'année avec confiance et optimisme, mais nous resterons vigilants dans le contexte actuel et comptons sur l'agilité et le talent de nos équipes pour renforcer encore en 2023 notre avance sur le marché mondial du luxe. »

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Après deux ans d'insolente croissance à deux chiffres, le marché mondial du luxe a montré quelques signes de ralentissement ces derniers mois, notamment aux États-Unis. Selon le cabinet Bain, sa croissance devrait tomber de 15 % en 2022 à « 5 % à 12 % » en 2023.

LVMH n'a pas échappé à ce ralentissement outre-Atlantique. Freiné par le coup d'arrêt sur le marché du cognac, dont il est archi-leader avec Hennessy (45 % de part de marché), le groupe a vu les ventes de sa division vins et spiritueux reculer de 3 % depuis janvier. « La relance des promotions mises en place avec nos distributeurs commence à se sentir positivement sur les volumes, tempère Jean-Jacques Guiony, le directeur financier de LVMH. La fin attendue des déstockages fera aussi sortir le marché de son bas de cycle. Ces coups d'arrêt sont assez classiques et ne sont pas du tout inquiétants. » Surtout, les bonnes performances de ses parfumeries Sephora lui permettent de rester en croissance outre-Atlantique, où ses ventes progressent de 3 % sur la période. « Le tassement sur ce marché s'est surtout senti sur les produits entrée de gamme, les ventes en ligne et les villes secondaires », précise le dirigeant.

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Vases communicants

Profitant de la diversité de ses métiers et de ses implantations géographique, le groupe aux 75 maisons a largement effacé ces remous américains par la progression « forte » de son activité en Europe. Celle-ci est portée par la réorientation des dépenses de touristes américains, séduits par des prix plus attractifs sur le Vieux Continent.

Ce jeu de vases communicants s'est confirmé en Asie, où la fin de la politique « zéro Covid » dans l'empire du Milieu a relancé les voyages des Chinois. Si les touristes chinois ne sont pas encore revenus en Europe, LVMH a affiché dans cette zone stratégique un net rebond. « Sur deux ans, l'activité globale réalisée auprès de la clientèle chinoise a bondi de 40 % à 45 %. Le poids de leurs dépenses réalisées hors de Chine continentale a aussi doublé, passant de 15 % à 30 %. Nous le voyons notamment à Hongkong mais surtout à Macao, où nous sommes très bien implantés », poursuit Jean-Jacques Guiony. Cette normalisation de la situation post-Covid permet d'ailleurs à son activité de duty free DFS de revenir bénéficiaire, sous l'effet de la reprise des voyages internationaux.

La santé éclatante de LVMH est en particulier visible pour sa branche mode et maroquinerie (50 % de son activité totale, avec les fleurons Louis Vuitton, Christian Dior, Celine et Loro Piana). Sa croissance a même accéléré au deuxième trimestre, pour atteindre 21 %. « La performance est particulièrement remarquable chez Louis Vuitton, Christian Dior, Celine, Loro Piana, et toutes les autres marques qui gagnent partout des parts de marché », souligne le groupe dans un communiqué. Présenté il y a un mois à Paris, le premier défilé de prêt-à-porter homme de son nouveau designer star Pharrell Williams a marqué les esprits, avec un record de plus de 1 milliard de vues sur les réseaux sociaux.

Dernier levier du succès de LVMH : sa capacité à passer des hausses de prix. Le groupe a ainsi relevé en moyenne de 5 % à 6 % ceux de ses champagnes (Krug, Dom Pérignon, Moët & Chandon…). De quoi compenser un marché qui se tasse légèrement à l'export. Ce levier, dont sont adeptes la plupart des marques de luxe à succès, pourrait être utilisé avec plus de modération à l'avenir. LVMH, qui se dit « optimiste » mais « vigilant », ne devrait plus trop faire évoluer ces prix d'ici fin 2023.

Source: Le Figaro