Dans la zone euro, l’inflation a entamé une lente et difficile décrue

May 02, 2023
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Personne ne s’en rendra compte en faisant ses courses, la hausse des prix alimentaires, qui frôle actuellement 14 % en zone euro, continuant à faire des ravages. Pourtant, depuis quelques mois, l’inflation commence à refluer. En avril, dans la zone euro, elle atteignait 7 % sur un an, selon les données publiées mardi 2 mai par l’agence des statistiques européenne Eurostat. C’est marginalement plus qu’en mars (6,9 %) mais désormais loin du pic de l’inflation de 10,1 % du mois de novembre.

« C’est le début du commencement du reflux, mais cela reste ténu », avertit Gilles Moëc, économiste en chef d’Axa. Les données publiées ce mardi donnent en effet des indications contraires, qui rendent les interprétations délicates. Côté mauvaise nouvelle, outre la très légère hausse entre mars et avril, l’inflation du secteur des services a progressé (de 5,1 % en mars à 5,2 % en avril). Côté bonne nouvelle, l’inflation dite « sous-jacente », c’est-à-dire hors les éléments très fluctuants de l’énergie, de l’alimentation, de l’alcool et du tabac, est pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine en léger recul : elle était de 5,6 % en avril, contre 5,7 % en mars. Presque rien, mais de quoi espérer que la tendance à la hausse soit désormais en train de s’inverser.

En prenant du recul sur plusieurs mois, la décrue de l’inflation commence cependant à être vraiment notable dans certains pays. La Belgique est passée d’un pic de 10,2 % à 3,3 % en avril ; les Pays-Bas de 11,3 % à 5,9 % ; l’Espagne de 10,7 % à 3,8 % ; l’Estonie de 25,2 % à 13,2 % ; l’Allemagne de 10,6 % à 7,6 %. Pour les ménages comme pour les entreprises, l’étau commence à se desserrer.

Le gaz et le pétrole moins cher

Trois grands facteurs expliquent cette accalmie : le recul des prix de l’énergie, le retour à la normale du commerce mondial, et la violente hausse des taux d’intérêt. Le premier est le plus direct et le plus évident.

Après avoir flambé au début de la guerre en Ukraine, et encore plus pendant l’été 2022, quand Vladimir Poutine a coupé l’approvisionnement en gaz vers l’Europe, les prix énergétiques sont désormais en baisse. Le gaz, dont le cours a été multiplié par huit, avec un sommet à plus de 300 euros du mégawattheure fin août 2022, se négocie aujourd’hui autour de 39 euros, soit un niveau inférieur à celui des mois précédant la guerre.

Pour le pétrole, la baisse est moins marquée, mais réelle. Le baril de brent tourne autour de 75 dollars (environ 68 euros), contre un pic de près de 115 dollars en juin 2022. A la pompe, cela commence à se sentir. La semaine dernière, le litre de sans-plomb 95 se vendait en moyenne en France à 1,91 euro du litre, plus qu’à la même période l’an dernier (1,80 euro), mais moins que le pic de 2,13 euros de juin 2022.

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Source: Le Monde