187 emplois menacés aux Papeteries de Condat : en Dordogne, " c’est tout un bassin de vie qui va sombrer "

July 25, 2023
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Les salariés des Papeteries de Condat ont profité du passage du Tour de France féminin pour alerter sur leur situation, au Lardin-Saint-Lazare (Dordogne), le 25 juillet 2023. ANNE-FLEUR BOST/LE MONDE

Les caméras du Tour de France Femmes 2023 ne se sont arrêtées sur leurs banderoles qu’une poignée de secondes, mais elles se sont arrêtées. Une victoire pour les 412 salariés des Papeteries de Condat, qui s’étaient massés pour une bonne partie d’entre eux devant leur usine, mardi 25 juillet, à l’occasion du passage de la Grande Boucle féminine dans les rues du Lardin-Saint-Lazare, en Dordogne.

« Aujourd’hui, notre objectif n’était pas tant de faire nombre comme ce fut le cas lors de notre manifestation du 13 juillet au Lardin que d’interpeller les Français assis devant leur télévision sur le triste sort de la dernière industrie papetière de l’Hexagone, explique Philippe Delord, délégué syndical CGT du site. Au moment même où [le président de la République, Emmanuel] Macron parle de réindustrialiser le pays, les gens doivent savoir que 187 emplois sont menacés de disparition chez nous. »

Le 20 juin, le groupe Lecta, propriétaire des Papeteries de Condat depuis la fin des années 1990, a annoncé aux élus du conseil social et économique (CSE) la fin programmée de l’une de ses deux lignes de production – la quatre, qui produit du papier couché double-face à destination des grandes maisons d’édition.

Dans un communiqué, la direction de Lecta justifiait sa décision par « la forte baisse du marché des papiers graphiques ». Elle indiquait, en outre, vouloir désormais « concentrer le savoir-faire et les ressources de l’usine » sur la ligne huit, dédiée à la production des « papiers spéciaux » utilisés principalement pour fabriquer des étiquettes adhésives ; 80 millions d’euros, dont 19 millions prêtés par la région Nouvelle-Aquitaine, ont été investis sur cet équipement. De quoi remettre les Papeteries de Condat sur les rails de la compétitivité internationale. Au moins pour un temps.

Les sous-traitants du papetier anticipent la catastrophe

« Les mauvaises nouvelles ont commencé en septembre 2022 avec l’annonce par la direction d’une chute des commandes de papier couché. De deux mois et demi, le carnet de commandes était soi-disant passé à cinq jours, évoque Philippe Delord. A partir de là, la ligne quatre a été active sept jours par mois jusqu’au 28 février, puis elle a été mise à l’arrêt jusqu’en juin avec du chômage partiel pour les gars pendant quatre mois. »

En l’état, son démantèlement entraînerait la suppression de 187 emplois sur le site de Condat et plusieurs centaines d’autres chez les sous-traitants du papetier. En Dordogne, l’un d’eux aurait déjà anticipé la catastrophe en tablant sur une réduction drastique de ses effectifs. « D’une trentaine de personnes, il passerait à moins de dix », s’inquiète Mathieu Le Roch, le nouveau secrétaire de la CGT en Dordogne. Partenaires industriels, artisans, commerçants… au total, « ce sont près de 2 000 emplois induits qui sont menacés », résume Stéphane Roudier, le maire (sans étiquette) de Condat-sur-Vézère.

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Source: Le Monde