Tunisie : deux ans après le coup de force de Kaïs Saïed, des centaines d’opposants ont manifesté à Tunis

July 25, 2023
160 views

Des manifestants brandissent des pancartes demandant la libération de prisonniers politiques lors d’une manifestation anti-gouvernementale organisée par la coalition d’opposition du Front de salut national à Tunis, le 25 juillet 2023. YASSINE MAHJOUB / AFP

« A bas le coup d’Etat », « liberté pour tous [les opposants] emprisonnés » : deux ans après le coup de force du président Kaïs Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs, environ trois cents personnes ont manifesté mardi 25 juillet à Tunis pour exprimer leur opposition, bravant une vague de chaleur inédite dans le pays – près de 50 °C lundi à Tunis et près de 45 °C mardi.

Rassemblés à l’appel du Front de salut national (FSN), principale coalition de l’opposition, dont fait partie le parti islamo-conservateur Ennahda, bête noire du président, ils ont réclamé la libération de plus de vingt opposants et personnalités emprisonnés depuis février. Ils ont également crié leur colère contre une « magistrature aux ordres ».

Manifestation dans la chaleur de 200 à 300 militants de l'opposition à Tunis. Ce 25 juillet marque les 2 ans après le coup de force de Kaïs Saïed qui a mené à l'adoption d'une nouvelle constitution par référendum et l'élection d'un parlement aux pouvoirs restreints.#Tunisie pic.twitter.com/9SHMcZK2CO — Blaise lilia (@liliagaida) July 25, 2023

Vague d’arrestation d’opposants

Devant la foule, le président du FSN, Ahmed Nejib Chebbi, un vétéran (78 ans) de la politique, a dénoncé « l’échec total » du président Saïed à gérer le pays, ce qui a aggravé, selon lui, la situation financière.

Le porte-parole d’Ennahda, Imed Khemiri, a déploré de son côté « le retour d’une politique d’intimidation (…) qui restreint la liberté d’expression et frappe aussi les médias » « C’est ce que le régime du 25 juillet a fait au cours des deux dernières années », a-t-il ajouté.

Depuis deux ans, l’opposition organise régulièrement des manifestations contre la « dérive autoritaire » du président tunisien depuis ce qu’elle qualifie de « coup d’Etat du 25 juillet 2021 », lorsque le dirigeant a gelé le Parlement et limogé son premier ministre.

Cette mobilisation n’a pas cessé, même après une vague d’arrestations lancée en février, qui a visé des dirigeants politiques de premier plan, parmi lequel le chef d’Ennahda et ex-président du Parlement dissous, Rached Ghannouchi, en avril.

Retrouvez notre analyse de 2022 : Article réservé à nos abonnés En Tunisie, la révolution autocratique de Kaïs Saïed Ajouter à vos sélections Ajouter à vos sélections Pour ajouter l’article à vos sélections

identifiez-vous S’inscrire gratuitement

Se connecter Vous possédez déjà un compte ?

Des hommes d’affaires ont aussi été emprisonnés ainsi que le directeur de Radio Mosaïque, Noureddine Boutar, libéré sous caution depuis. Deux autres figures de l’opposition, Chaïma Issa et Lazhar Akremi, ont été récemment remises en liberté.

Mais tous continuent de faire l’objet d’enquêtes judiciaires. La plupart sont poursuivis pour « complot contre la sûreté de l’Etat » et ont été qualifiés de « terroristes » par Kaïs Saïed.

Un « climat de répression et d’impunité » dénoncé

La crise politique déclenchée par le coup de force de M. Saïed, initialement soutenu par de nombreux Tunisiens, inquiète les ONG tunisiennes et internationales, qui déplorent une régression des libertés.

« Depuis l’accaparement du pouvoir par le président, les autorités ont poursuivi sur la voie de la répression en emprisonnant des dizaines d’opposants politiques et de détracteurs du régime, bafoué l’indépendance du pouvoir judiciaire [et] supprimé des garanties institutionnelles en matière de droits humains », a dénoncé lundi Amnesty International dans un rapport.

Selon l’ONG, qui juge « factices » les accusations contre les personnalités détenues, le président Saïed « a privé les Tunisiens de droits élémentaires qu’ils avaient obtenu de haute lutte [lors de la révolution démocratique de 2011] et alimenté un climat de répression et d’impunité ».

Plusieurs journalistes et magistrats font également l’objet de poursuites judiciaires. La Tunisie est également secouée par une profonde crise financière et à la recherche d’aides étrangères.

Source: Le Monde