En Israël, la crise s’amplifie autour de la réforme judiciaire controversée

July 25, 2023
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Des manifestants ont tenté de bloquer des axes principaux à Tel-Aviv, lundi 24 juillet dans la soirée, pour protester contre la réforme judiciaire portée par le gouvernement Nétanyahou. CORINNA KERN / REUTERS

La crise s’amplifiait, mardi 25 juillet, en Israël, au lendemain de l’adoption par le Parlement d’une mesure-clé du projet de réforme judiciaire controversé porté par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, qui a suscité des appels à la grève générale.

Plusieurs appels ont été déposés, notamment par le barreau israélien, auprès de la Cour suprême pour invalider le texte, voté par les 64 élus de la coalition du premier ministre, qui comprend des partis juifs ultraorthodoxes et d’extrême droite.

Le gouvernement Nétanyahou estime que cette mesure, qui vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats, est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs. Ses détracteurs, eux, y voient pour leur part une menace contre la démocratie et craignent qu’elle n’ouvre la voie à une dérive autoritaire.

Pour protester contre cette loi, limitant la possibilité pour la Cour suprême d’invalider une décision du gouvernement, le Syndicat des médecins a lancé mardi une grève générale, sauf pour les urgences. Il dénonce l’absence de dialogue entre les parties concernées et « des célébrations fêtant une victoire dans une guerre où il n’y a que des perdants ».

Le tribunal du travail de Tel-Aviv a ordonné la fin de la grève, estimant que « les craintes du syndicat sont pour le moment théoriques alors que les dommages aux patients sont réels ». « Une grève de deux heures est légitime pour exprimer le droit de protester mais pas plus », ajoute le tribunal.

Des manifestations sont prévues dans la soirée de mardi à Tel-Aviv, Jérusalem et dans d’autres villes du pays.

Des contestataires de tous les horizons politiques

Lundi, le puissant chef de la centrale syndicale Histadrout, Arnon Bar-David, avait prévenu que « toute avancée unilatérale dans la réforme aura[it] des conséquences graves », brandissant la menace d’une « grève générale si besoin ».

Plusieurs quotidiens israéliens affichaient mardi matin une « une » entièrement noire avec les mots « Jour noir pour la démocratie israélienne ».

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Depuis son annonce, en janvier, ce projet de réforme a déclenché l’un des plus grands mouvements de contestation de l’histoire d’Israël, qui s’est intensifié à l’approche du vote.

Lors des manifestations qui se sont poursuivies tard lundi soir, 58 personnes ont été interpellées pour troubles à l’ordre public, selon un porte-parole de la police. Les forces de l’ordre ont utilisé des canons à eau pour disperser les manifestants qui tentaient de bloquer des axes principaux, à Jérusalem et Tel-Aviv.

La mesure votée lundi, la première de la réforme à devenir une loi, empêche la Cour suprême d’invalider une décision gouvernementale en invoquant de son « caractère raisonnable ». Cette clause avait contraint en janvier M. Nétanyahou à démettre de ses fonctions le ministre de l’intérieur et de la santé et numéro deux du gouvernement, Arié Déri, condamné pour fraude fiscale, à la suite de l’intervention de la Cour suprême.

Les détracteurs du premier ministre, en procès pour corruption, l’accusent de vouloir utiliser cette réforme pour atténuer un éventuel jugement à son encontre.

M. Nétanyahou a affirmé lundi vouloir négocier avec l’opposition sur la suite du projet de réforme et « mener un dialogue entre nous ».

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a rétorqué que « l’objectif de Nétanyahou était de faire taire les protestataires » et a prévenu que la lutte ne faisait que commencer.

Les manifestations ont attiré des Israéliens de tous les horizons politiques et sociaux, laïques ou religieux, militants pacifistes, cols bleus ou travailleurs du secteur de la technologie, mais aussi des réservistes de l’armée.

Source: Le Monde