Sylvain Maillard élu nouveau président du groupe Renaissance à l’Assemblée
PORTRAIT - Celui qui occupait jusqu’ici la fonction de numéro 2 du groupe succède à Aurore Bergé à l’issue d’un scrutin interne qu’il a largement dominé.
D'aucuns estiment que c'est le «pire poste de la République». Pas de quoi, néanmoins, effrayer Sylvain Maillard, nouvellement élu président du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale. «Je suis vraiment enthousiaste», assure le député de la 1e circonscription de Paris. « Les enjeux sont importants et je ferai en sorte que chaque sensibilité de notre groupe soit représentée.»
L'élu de 49 ans, député depuis 2017, succède officiellement à Aurore Bergé, nommée au gouvernement lors du remaniement, la semaine dernière. Avec 80% des voix, celui qui était déjà premier vice-président du groupe majoritaire au Palais Bourbon l'emporte donc largement lors de ces élections internes contre son seul adversaire, le député du Val-de-Marne, Frédéric Descrozaille (20%). Une lourde tâche l'attend : celle de conduire les 170 autres parlementaires Renaissance tout en collaborant le plus efficacement possible avec les mouvements alliés du camp présidentiel, le MoDem et Horizons.
«Je n’arrive pas dans l’inconnu»
Ce travail, l'ancien chef d'entreprise l'a un temps mené tandis que sa collègue, Aurore Bergé, enceinte, s'était éloignée de l'Assemblée nationale pendant son congé maternité. Désormais, ce sera du plein-temps. «L'avantage, c'est que je connais bien la place, l'environnement, les équipes et l'organisation du groupe. Je n'arrive pas dans l'inconnu», sourit le tout nouveau président.
Dès la rentrée, ce marcheur de la première heure compte bien imprimer sa marque. Avec, comme priorité de «tendre très rapidement la main» à certaines oppositions, comme l'imprévisible groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), les écologistes, communistes, socialistes et, enfin, Les Républicains. «Nous devons faire le plus de propositions de lois transpartisanes possible. Je suis convaincu par ce dispositif. Nous devons aller chercher nos oppositions, c'est ce que nous demandent les Français», plaide-t-il.
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Et, à en écouter certains, Maillard a le profil idéal. Plus «rond» et «consensuel» qu’Aurore Bergé, Sylvain Maillard est considéré depuis le début de la législature comme l'un des plus à même dans la majorité de parler avec tout le monde. Avec un style très différent de celle qui le précède. «C'est quelqu'un avec qui on peut discuter facilement, il n'est pas agressif ni dans le mépris», vante le socialiste Arthur Delaporte. Mais son côté «lignard» est craint par les parlementaires des oppositions. «Il a un sens du collectif plus prononcé qu'Aurore Bergé, il saura plus facilement tenir ses troupes et serrer les rangs», redoute Arthur Delaporte. «Il est assez critique vis-à-vis des oppositions, sur un ton toujours un peu véhément. Je ne suis pas certain que ce soit le meilleur conciliateur», acquiesce la député LR Emilie Bonnivard.
Des qualités de «leadership»
Qu'importe, puisqu'au sein du camp présidentiel, Sylvain Maillard est largement apprécié. «Il est monté en puissance ces derniers mois et je n'ai aucun doute sur ses qualités de leadership», juge par exemple Roland Lescure, le ministre en charge de l'Industrie. Pendant la réforme des retraites, mais également au cours des très nombreuses sessions nocturnes qui ont agité le Palais Bourbon depuis le début de la législature, le député de Paris a fait preuve d'une rare présence dans l'hémicycle.
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Et d'un esprit collectif salué par ses collègues. «Il est à l'écoute et il défend la majorité dans l'hémicycle. Nous avons besoin de quelqu'un comme lui, qui connaît les enjeux du travail d'équipe, qui sache nous unir en interne et donner sa place à chacun», félicite la députée Renaissance du Lot, Huguette Tiegna. S'il est plus apprécié, beaucoup estiment toutefois que Sylvain Maillard est « bien moins politique » qu'Aurore Bergé. «Monter au créneau pour mettre des coups à droite et à gauche dans l'hémicycle, c'est un peu moins son truc», prévient un élu du camp macroniste.
«Il va falloir réparer la relation avec nos alliés»
Un autre député du groupe, proche du président de la République, prévient par ailleurs : «Aurore Bergé a fait beaucoup de mal, elle a clivé la majorité avec une gestion souvent clanique. Il va falloir notamment réparer la relation avec nos alliés, qui est abîmée». «Il y a eu quelques couacs, mais la relation est extrêmement apaisée depuis un moment avec le MoDem et Horizons», balaie Sylvain Maillard, qui défend le bilan de celle qui est désormais ministre des Solidarités et des Familles.
Le président du groupe MoDem, lui, se veut également rassurant. «Sylvain Maillard est un collègue agréable, très à l'écoute. C'est un bon animateur d'équipe et je sais que ça se passera bien», vante Jean-Paul Mattei. Mission n°1 donc, dès la rentrée : assurer l'unité de la majorité dans l'hémicycle sur des sujets qui divisent comme le budget de l'État ou l'immigration.
Source: Le Figaro
