Festival d’Avignon : les actrices d’une pièce victimes d’agressions physiques et verbales, le directeur condamne
Une mise au point à l’heure de la clôture. Le Festival d’Avignon a tenu ce mardi à apporter publiquement son soutien aux acteurs de la pièce « Carte noire nommée désir » de Rébecca Chaillon, victimes à plusieurs reprises « d’agressions verbales et physiques à caractère raciste » depuis le 20 juillet, date du début des représentations.
« Le Festival d’Avignon affirme qu’il est inacceptable de laisser sous silence ces déferlements de haine et témoigne de sa solidarité et de son soutien aux artistes. Le Festival d’Avignon est fier de présenter et d’accompagner ce spectacle qui a marqué cette 77e édition. Cœur battant des idées et des débats, le Festival d’Avignon reste une fête mais aussi un combat, un combat pour la démocratie », poursuit l’organisation dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux.
Un spectacle sur la place des femmes noires et métisses dans la société
La metteure en scène Rébecca Chaillon, 37 ans, a fait le choix dans sa nouvelle pièce de 2h45 de questionner la place des femmes afro-descendantes dans la société française. Sa pièce, présente les parcours de vie de huit femmes noires, avec pour but de dénoncer « la figure de la femme noire comme objet de fantasmes ».
Soutien à l’équipe du spectacle Carte noire nommée désir de Rébecca Chaillon Depuis le 20 juillet 2023 à Avignon, les... Posted by Festival d'Avignon on Tuesday, July 25, 2023
« J’essaie de raconter le désir pour les femmes noires dans le contexte français en me demandant quelles sont les références, les modèles, qui l’ont construit. Et le constat n’est pas brillant. La plupart du temps, le corps des femmes noires a été hypersexualisé, objectivé, animalisé, tandis qu’il est encore difficile, et même impossible, de traiter des corps blancs et des privilèges qui en découlent », détaille Rébecca Chaillon dans un long entretien au site du festival.
Un message que les équipes de la pièce tentent également de faire passer lors de la représentation, puisqu’une « ouvreuse du festival (métisse) invite les spectatrices afro-descendantes, ou transgenres afro-descendants, qui le souhaiteraient à aller sur les sièges confortables spécialement aménagés du fond (où on leur servira des boissons…), tandis que le commun du public est placé sur les gradins habituels », expliquait vendredi Télérama.
Une agression en pleine représentation
Mais certaines actrices ont été victimes de plusieurs agressions physiques et verbales pendant les représentations et dans les rues de la ville en marge du festival, selon le directeur du festival Tiago Rodrigues, qui a réagi mardi au micro de France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une des comédiennes a notamment été agressée lundi soir en pleine représentation.
Une image qui a largement fait réagir les détracteurs de la pièce est celle dépeinte par l’une des personnages, « une nounou qui empale sur un pieu qui lui traverse le corps tous les enfants français qu’on lui confie », décrit le site de spectacle vivant Sceneweb. Des personnalités d’extrême droite ont par exemple évoqué une « mise en scène raciste ».
Source: Le Parisien