Indo-Pacifique : la France voudrait voir grandir son rôle dans le jeu global

July 27, 2023
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Emmanuel Macron (au centre) sur une plantation d’ananas à Moindou (Nouvelle-Calédonie), le 25 juillet 2023. LUDOVIC MARIN/AFP

Ce sont deux visites qualifiées d’« historiques » par Paris. Le président français, Emmanuel Macron, doit se rendre, jeudi 27 juillet, à Vanuatu, l’ancien condominium franco-britannique devenu indépendant en 1980, puis, vendredi 28 juillet, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le poids lourd de la région, avec 17 millions d’habitants, une première pour un chef de l’Etat français. Il s’agira de marquer « un réengagement sur les territoires voisins des outre-mer français » et de « fixer des objectifs extrêmement élevés en matière d’aide au développement, de soutien humanitaire et de francophonie », a expliqué l’Elysée.

Il faudra surtout, enfin, incarner le discours martelé depuis plusieurs années sur la « stratégie Indo-Pacifique française ». Car, des milieux économiques calédoniens aux diplomates étrangers, un même constat est partagé : les signes concrets de l’engagement français demeurent peu nombreux, voire invisibles. Or, les voix des Etats insulaires comptent à l’ONU. L’ambassadeur français à Port-Vila, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, a justement rappelé que Vanuatu, Etat soucieux de rester non aligné, « a voté pour condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie, demander son retrait immédiat et condamner les attaques russes contre les civils ».

Avec 9 millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive en mer, trois territoires français (Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, Polynésie) et des alliés dans la région, la France possède des atouts. « La France est active pour renforcer son influence régionale, en accroissant ses engagements au Forum des îles du Pacifique, en rejoignant le club des ministres de la défense du Pacifique Sud, en déployant des moyens militaires et en poussant à une plus forte implication de l’Union européenne dans la région », explique Mathieu Droin, chercheur associé au Center for Strategic and International Studies (CSIS).

Mais les moyens demeurent faibles. « La France est en retard par rapport aux puissances qui rivalisent d’influence dans la région », poursuit cet analyste. Avant cette visite, aucun ministre des affaires étrangères de la Vᵉ République ne s’était rendu dans un Etat insulaire du Pacifique.

Capacité d’action insuffisante

Les ministres des affaires étrangères chinois, Wang Yi, américain, Antony Blinken,

et australienne, Penny Wong, ont tous effectué des tournées diplomatiques remarquées, ces dernières années. Pas leur homologue français. « C’est inexplicable et incohérent avec les ambitions nationales », selon Antoine Bondaz, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Catherine Colonna s’est rendue pour la première fois à Fidji, mardi 25 juillet, en profitant de la visite d’Emmanuel Macron en Océanie.

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Source: Le Monde