Voitures électriques : la " guerre des prix " lancée par Tesla agace les constructeurs français
Depuis le début de l’année, Tesla fait fondre les prix de ses voitures électriques. La marque américaine a notamment choisi, le 13 janvier, de placer ses deux modèles d’entrée de gamme, la Model 3 et la Model Y Propulsion, sous la barre des 47 000 euros en France, les rendant éligibles au bonus écologique de 5 000 euros (7 000 euros pour les ménages les moins aisés).
Des baisses de prix jusqu’à 16 500 euros
Résultat, la berline Model 3 s’affiche, depuis une nouvelle ristourne à la mi-avril, à 36 990 euros (bonus de 5 000 euros inclus) et le SUV Model Y, qui vient de connaître une petite hausse de 1 000 euros le 1er mai, à 40 990 euros. Des niveaux de prix entre 9 000 et 16 500 euros moins élevés qu’en tout début d’année 2023. Pour les amateurs de Location avec option d’achat (LOA), elles sont proposées à des loyers mensuels qui peuvent passer sous la barre des 300 euros, avec un apport choisi en conséquence.
Ces baisses de prix constatées dans plusieurs pays européens se justifient, selon le constructeur dirigé par Elon Musk, par une amélioration et une augmentation de ses capacités de production.
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La politique commerciale de Tesla très agressive semble porter ses fruits en matière de volumes de ventes : la Model Y est devenue la voiture la plus vendue en Europe lors du premier trimestre avec 65 051 exemplaires écoulés. Sur les quatre premiers mois de l’année, elle monte au neuvième rang du Top 10 français, avec 10 697 voitures immatriculées, juste devant la citadine électrique à bas coût Dacia Spring, selon les chiffres communiqués par la Plateforme automobile (PFA), qui rassemble la filière automobile en France. « Comme les livraisons se font extrêmement tard, on verra surtout l’effet de la guerre des prix lancée par Tesla sur les chiffres d’immatriculation de juin et juillet », estime François Roudier, porte-parole de la PFA.
Des baisses de prix « malsaines »
Cette « guerre des prix » déclenchée par Tesla n’a pas manqué de faire réagir les patrons des grands groupes autos mondiaux, dont les modèles phares électriques, comme les Renault Megane E-Tech et Volkswagen ID.3 s’affichent autour des 37 000 euros, bonus inclus, soit l’équivalent du prix de la Model 3.
Dès le mois de février, Luca de Meo, le P-dg de Renault, avait qualifié les fortes baisses de tarifs de certains constructeurs autos de « malsaines » : « Je pense qu’une bataille sur les prix pour les voitures électriques en ce moment, alors que nous démarrons nos opérations, n’est pas la meilleure chose qui puisse arriver à l’industrie. (…) Parce que nous devons investir, nous devons générer une marge pour les voitures électriques », a rapporté le média britannique Autocar.
Carlos Tavares, son homologue de Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler, etc.), a, lui, assuré ne pas avoir « besoin de répondre à Tesla parce que le prix de nos véhicules est bien inférieur ». Une déclaration du 27 avril mise en défaut depuis par le site Numerama, qui a montré que nombre de voitures du groupe, dans leurs finitions haut de gamme, étaient plus chères qu’une Model 3. Selon des propos rapportés par BFM Business, Carlos Tavares a aussi critiqué la stratégie de Tesla, au vu de ses « résultats du premier trimestre de 2023 (qui) ont marqué une forte chute de ses profits, ce qui veut dire qu’à un moment donné, cela posera d’autres problèmes à cette entreprise ».
« Casser la concurrence chinoise »
Le patron de Stellantis rechigne donc à rogner sur les fortes marges de ses modèles qui ont permis au groupe d’établir un bénéfice record l’année passée (16,8 milliards d‘euros). « Par contre, si l’ensemble du marché venait à connaître une baisse des prix, nous devrions nous ajuster au marché, et on devra accélérer, comme mes concurrents, la réduction des coûts pour garder la pérennité de l’entreprise », a-t-il nuancé.
Cette offensive de Tesla sur les prix aurait une cible plus directe que les constructeurs français, estime François Roudier : « L’objectif numéro un d’Elon Musk est de casser la concurrence sur le haut de gamme électrique venant des constructeurs chinois et allemands ». Et aussi de faire face à l’arrivée, en France, de son concurrent californien Fisker, qui doit livrer, le 5 mai, ses premiers SUV électriques Ocean au prix très concurrentiel de 36 990 euros (avec bonus).
Source: Le Télégramme