Tour de France femmes 2023 : stratégie, consignes... On a assisté au brief de l'équipe Cofidis avant le départ de la 6e étape

July 28, 2023
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Avant chaque étape, les directeurs sportifs font le point avec leurs coureuses afin d'affiner les stratégies de l'équipe.

A quelques mètres de la ligne de départ à Albi (Tarn), les véhicules de l’équipe Cofidis prennent place sur le paddock, environ deux heures avant le départ fictif de la 6e étape du Tour de France femmes, prévu à 14h20. L’arrivée du jour est différente des autres matins. Le moteur de leur bus est tombé en panne au plein cœur de la quatrième étape entre Cahors et Rodez, mercredi 26 juillet. Ils ont réussi à se dégoter un camping-car et quelques véhicules supplémentaires pour transporter les coureuses et le matériel pour les dernières étapes.

Regroupées dans le fond du camping-car, légèrement serrées alors que la chaleur s'abat sur la ville, les coureuses assistent au brief équipe, qui dure généralement une vingtaine de minutes. Arthur Quilliec, directeur sportif au sein de Cofidis en charge de la performance, débute la présentation du parcours du jour, devant les coureuses attentives. Devant lui, son ordinateur avec les cartes du tracé de l'étape et des images des croisements et portions de route notables. "Le départ est à peu près identique à celui d'hier. Comme vous pouvez le voir [il montre sur ses cartes], ça monte et ça descend pendant 25-30 kilomètres." Il incite sur les passages dangereux et les points de vigilance tels que les descentes, les montées, les ronds-points, afin de donner le maximum d'informations à ses athlètes.

"Nous avons la première montée officielle au kilomètre 30, et ensuite, au milieu de la journée, comme hier, deux montées. Elles sont plus faciles que celles d'hier. Et l'approche de la montée aussi. Mais la première partie de l'étape est peu plus dans la ville, alors soyez vigilantes", poursuit-il. La présentation de l'étape est rapide, et s'effectue en moins de six minutes. La coureuse australienne Rachel Neylan suit la présentation, le livre de route sous les yeux.

Tableau d'écolier et stratégie d'équipe

Une fois la présentation terminée, Grégoire Le Calve, directeur sportif en charge de la tactique et de la stratégie, qui est aussi celui qui leur donnera des indications dans l'oreillette pendant la course, prend le relais. "Qui pourrait s'imposer sur le sprint ? Peut-être DSM avec Charlotte Kool, peut-être UAE avec Chiara Consonni ou Jumbo-Visma avec Marianne Vos", pronostique le DS, en guise d'introduction.

"C'est la dernière chance pour beaucoup d'équipes aujourd'hui. Car demain, c'est fini, alerte-t-il d'entrée de jeu. Mais tout est possible, ça peut être n'importe qui. On l'a vu sur ce Tour de France, il y a des victoires d'étape avec des filles qui ont été offensives. Mon discours est celui-ci : se créer l'opportunité. Il faut tout tenter. C'est pourquoi aujourd'hui, l'objectif est d'être à la lutte, de suivre le plus longtemps possible", enchaîne-t-il, devant ses coureuses.

Ça peut être une bataille comme hier. La seule différence est que la route est plus petite. Si les grosses équipes décident de ne pas faire la course et de se reposer pour demain, je pense que ça peut se faire dans le final. Mais s'il y a vraiment de la bagarre avec les gros comme SD Worx et Movistar, qu'ils attaquent, et que le peloton est en file indienne, c'est fini. Grégoire Le Calve directeur sportif de Cofidis

"Si vous êtes à l'avant, s'il y a un peu de mouvement, il faut suivre la personne qui bouge. Et après nous avons 10 km avec deux montées. Je pense que pour nous, la meilleure chose à faire s'il n'y a pas d'échappée est de mettre tout pour Morgane [Coston] et Rachel [Neylan] dans la première montée", explique-t-il, un tableau à feutre à la main pour exposer son plan d'attaque du jour. La couleur rouge pour indiquer les kilomètres importants, le vert pour les moments où il faut "foncer". Et le bleu et le noir ? "Pour varier, c'est tout", sourit-il.

Grégoire Le Calve, directeur sportif au sein de Cofidis, détaille son plan d'attaque du jour sur un tableau à feutre, qu'il présente à ses coureuses. (APOLLINE MERLE / FRANCEINFO SPORT)

"On est dépendant des grosses équipes"

Pendant cette prise d'informations, les coureuses en profitent pour coller leur dossard sur leur cuissard et y ajouter leurs barres nutritives dans les poches arrières. D'autres profitent de ce moment d'échange pour partager leur ressenti. "Je ne comprends pas si SD Worx et Movistar se soucient de gagner le sprint ou juste de gagner des maillots", questionne Martina Alzini. "J'ai lu un article qui disait que Lotte Kopecky [actuel maillot jaune] voulait faire la course pour le maillot vert. Peut-être qu'ils assurent encore parce qu'ils savent que demain c'est fini pour elle", répond dans la foulée Rachel Neylan.

"Si vous n'y croyez pas, que vous vous dites 'je suis fatiguée'... Mais tout le monde est fatigué. D'accord ? Si vous ne vous bougez pas, si vous n'essayez pas, ce n'est pas possible. Le classement général étant terminé pour nous, vous pouvez tout envoyer. N'ayez pas de regrets, amusez-vous", motive en fin de briefing Grégoire Le Calve.

S'adapter à un tracé particulièrement dur

A la fin du point quotidien, les coureuses se changent avant d'aller à la signature et en zone mixte, rituel d'avant course. "Je suis dans une stratégie offensive pour tenter de créer une échappée, car je ne peux pas tout miser sur le sprint, précise le directeur sportif devant le camping-car de l'équipe. Je n'ai pas un groupe de sprint suffisamment en forme en ce moment", regrette-t-il. Surtout, le mental va peser gros dans cette sixième étape, alors que les corps commencent à souffrir. "Soit elles vont réussir à passer ce cap mental et lors de l'arrivée elles vont peut-être se dire 'je donne tout', soit elles seront vraiment dans le dur...", glisse-t-il.

Car pour cette deuxième édition du Tour de France, Grégoire Le Calve le reconnaît : "Le parcours est vraiment très difficile. L'année derrière, il y avait des étapes plates. Mais là, chaque jour, il y a des petites bosses." A l'issue de la journée, le constat est mitigé pour l'équipe Cofidis. La leader de l'équipe, l'Allemande Clara Koppenburg, a terminé à la 54e place de l'étape, mais a toutefois gagné une place au classement général pour se placer à la 23e position. "On aurait aimé être dans l'échappée qui va presque au bout. On a raté le bon coup, mais on était à l'avant, on évite la chute, remarque Gaël Le Bellec, directeur sportif de Cofidis. Rachel a saisi une opportunité, et elles ont pris du plaisir." Avant les deux ultimes étapes de ce Tour, avec le col du Tourmalet et du contre-la-montre à Pau, qui s'annoncent déjà explosives.

Source: franceinfo