" C’est déprimant " : dans les campings bretons, la pluie fait partir certains touristes plus tôt
« La plupart du temps, les gens inventent des excuses : un enfant qui s’est cassé quelque chose, une belle-mère qui ne va pas bien… On ne nous dit pas que c’est la météo mais on sait que, derrière ces annulations, elle est la cause principale. »
Dans les campings bretons, on ne fait pas autant grise mine que le ciel depuis quelques jours - la plupart affichent des taux de remplissage encore très conséquents - mais on le concède toutefois volontiers : oui, la pluie n’est pas étrangère aux départs anticipés de certains touristes. Au cap Fréhel (22), les saisonniers chargés de l’accueil du plus grand camping municipal de France ont également essuyé des remarques similaires : « Les gens qui partaient nous l’ont souligné plusieurs fois ».
Arrivées il y a trois semaines en provenance d’Île-de-France, Églantine et sa famille ont rangé leurs dernières affaires, ce vendredi, et quitté un camping de Trégunc, dans le Sud-Finistère, 24 heures plus tôt qu’initialement prévu. « La pluie et l’humidité, ça commence à peser, souffle-t-elle. La première semaine, ça allait encore, mais celle-ci… On avait déjà replié les parties annexes de notre tente dès mercredi, quand elles ont pu sécher un minimum », explique la mère de famille francilienne.
Plus tôt dans la semaine, un couple de leurs amis et ses trois enfants en bas âge avaient également abdiqué : « Ils avaient pourtant réservé pour toute la semaine mais ils sont partis mercredi. Cette humidité permanente, c’est un peu blasant, on n’a pas l’impression de profiter… C’est déprimant : nos serviettes sont depuis trois jours dans la tente et rien ne sèche ! »
Comme eux, un peu partout dans la région, nombreux sont les touristes à avoir pris la décision de partir avant la fin de leur réservation. C’est le cas au camping des Mimosas, à Fouesnant (29), où trois mobil-homes ont été libérés dès jeudi. Ou dans celui de la presqu’île de Crozon (29), où l’on dresse le même constat : « Il y a des départs prématurés d’un ou deux jours ». À la même période, en 2022, il était plein. « Là, on a 5 ou 6 % de places encore disponibles. »
Certains campings bretons déplorent des annulations de dernière minute en raison des conditions météorologiques. (Photo Vincent Le Guern)
Des annulations de dernière minute
En plus de quelques départs, il faut aussi composer avec des annulations de dernière minute. Deux jeudi, par exemple, au camping municipal Parc Priol, à Arradon (56), qui ne loue que des emplacements nus.
« Le turn-over a été très important cette semaine, notamment jeudi, confirme Mathilde Thouzeau, gérante du camping de La Torche, à Plomeur (29). On a eu des annulations au dernier moment et même des importantes, sur une semaine entière. » Celle qui a pris la succession de ses parents peut heureusement profiter de la proximité du spot de surf : « Certains sont vraiment restés grâce aux bonnes conditions sur l’eau : quand il fait trop beau et trop chaud, il n’y a pas de vagues. Là, on profite d’une houle dont on a rarement l’habitude l’été ».
Qu’est-ce que vous voulez faire trois jours sous une tente quand il pleut ?
Malgré ces contradictions - qui restent minoritaires -, les gérants de camping se montrent compréhensifs : « Comment leur en vouloir : qu’est-ce que vous voulez faire trois jours sous une tente quand il pleut ? » Les touristes, eux aussi, s’accommodent, bon gré mal gré, et arrangent leurs programmes en fonction de la météo : « Si on a du mauvais temps, on s’adapte. On est correctement équipés », indiquent les Bordelais Julien et Marie, installés au camping Sandaya Belle-Plage, près de Kerpape, à Ploemeur (56).
Et tous ne subissent pas forcément de plein fouet cette mauvaise météo. Sur la côte bretillienne, par exemple, les campings de La Ville-Huchet, à Saint-Malo, ou du Port-Blanc, à Dinard, ont relevé plusieurs annulations, mais celles-ci n’ont pas eu un impact majeur puisqu’elles ont été rapidement comblées. Le Centre-Bretagne a, semble-t-il, également été épargné. Situé au bord du canal de Nantes à Brest, le camping du Clos du Blavet, à Pontivy (56), n’a pas subi d’annulations impromptues.
Source: Le Télégramme