Chine : Bruno Le Maire estime que vouloir se couper économiquement de Pékin est " une illusion "

July 30, 2023
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Le ministre français de l’économie Bruno Le Maire s’exprime à l’occasion d’une conférence de presse à l’ambassade de France en Chine, à Pékin, samedi 29 juillet 2023. NG HAN GUAN / AP

« Nous sommes totalement opposés à l’idée de découplage. Le découplage est une illusion », a affirmé, dimanche 30 juillet, le ministre de l’économie français Bruno Le Maire, interrogé par des journalistes sur le sujet, à l’occasion d’un déplacement à Pékin. S’exprimant en anglais lors d’une conférence de presse conjointe avec le vice-premier ministre chargé des finances chinois, He Lifeng, à l’ambassade de France, il a abondé : « Il est impossible de couper tout lien entre les économies américaine et européenne et celle de la Chine. »

Il a toutefois défendu l’ambition d’une plus grande indépendance économique de la France dans certains secteurs économiques et industriels spécifiques. Il s’agit de l’un des fers de lance du second mandat d’Emmanuel Macron.

Souhaitant « éviter tout malentendu », M. Le Maire a précisé que le concept de réduction des risques (« de-risking »), populaire ces derniers mois auprès de nombreux pays occidentaux, « ne signifie pas que la Chine constitue un risque ». « Cela signifie que nous voulons être plus indépendants. (…) Nous ne voulons pas nous rendre compte, comme nous l’avons fait lors de la crise du Covid[-19], que nous sommes trop dépendants de certains composants très spécifiques », a-t-il encore expliqué.

Volonté d’indépendance stratégique

Le ministre de l’économie et des finances français, Bruno Le Maire, à gauche, et le vice-premier ministre chinois He Lifeng se serrent la main après une conférence de presse conjointe à l’issue du 9ᵉ dialogue économique et financier de haut niveau Chine-France qui s’est tenu à la maison des hôtes d’Etat de Diaoyutai à Pékin, le samedi 29 juillet 2023. NG HAN GUAN / AP

Bruno Le Maire est en Chine pour assister au dialogue économique et financier de haut niveau franco-chinois, une rencontre bilatérale annuelle consacrée à ces questions stratégiques. Ses propos coïncident avec la volonté de plusieurs pays occidentaux de vouloir réduire leur dépendance économique à Pékin, dans une logique d’indépendance stratégique.

C’est le cas de l’Allemagne, dont la Chine est le premier partenaire commercial et représente un marché vital pour son puissant secteur automobile. Certains responsables américains défendent aussi une telle idée, dans un contexte de tensions entre Washington et Pékin ces dernières années.

En visite en Chine au début de juillet, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, avait toutefois, elle aussi, estimé qu’un « découplage » de l’économie américaine avec celle de la Chine était « pratiquement impossible », compte tenu de son poids pour l’économie mondiale. Dans un monde aux économies entremêlées, il s’agit d’une « fausse proposition », avait jugé en juin le premier ministre chinois, Li Qiang.

Lundi, le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique français se rendra à Shenzhen, grande métropole limitrophe de Hongkong située dans le sud de la Chine, considérée comme la « Silicon Valley chinoise ». Bruno Le Maire doit y rencontrer des investisseurs chinois et des grands patrons, dont celui du constructeur automobile chinois BYD, qui réfléchit à l’ouverture d’une usine de véhicules électriques en Europe.

Source: Le Monde