Centrafrique : début du référendum constitutionnel qui vise à permettre au président de briguer un troisième mandat

July 30, 2023
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Dimanche 30 juillet au matin, les Centrafricains ont commencé à se rendre dans les bureaux de vote pour se prononcer sur un projet de nouvelle Constitution porté par le président du pays, Faustin-Archange Touadéra. Le projet constitutionnel prévoit notamment d’allonger la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans, et de supprimer la limitation du nombre de mandats, ce qui lui permettrait de briguer un troisième mandat.

L’affluence était faible à l’ouverture du bureau de vote du lycée Barthélemy-Boganda, situé à Bangui, la capitale, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Environ 1,9 million d’électeurs sont appelés aux urnes. Les bureaux de vote fermeront à 16 heures (heure locale, 17 heures à Paris).

Les résultats provisoires doivent être publiés sous huit jours, et la Cour constitutionnelle proclamera les résultats définitifs le 27 août, selon l’autorité nationale des élections.

Appel au boycott des opposants

Agé de 66 ans, M. Touadéra a été élu en 2016 puis réélu en 2020 alors que moins d’un électeur sur trois a eu la possibilité de se rendre aux urnes pour des raisons de sécurité. Il est accusé par l’opposition et la rébellion de vouloir, en se faisant réélire en 2025, rester « président à vie » du deuxième pays le moins développé du monde, selon l’Organisation des Nations unies.

Les principaux partis d’opposition et organisations de la société civile ainsi que les groupes armés rebelles, ont appelé à boycotter le scrutin. L’opposition dénonce notamment l’absence de fichier électoral à jour et le manque d’indépendance des institutions chargées de garantir la régularité des résultats.

« Nous savons que le oui va l’emporter, mais nous mettons l’accent sur la participation », a déclaré à l’AFP Evariste Ngamana, vice-président de l’Assemblée nationale et porte-parole de la majorité présidentielle. Aucune enquête d’opinion crédible ne permet de prédire l’issue du vote, mais la victoire du oui fait peu de doute.

D’après l’ONG Human Rights Watch (HRW), des responsables gouvernementaux centrafricains ont menacé et harcelé des adversaires du référendum, et les autorités ont interdit une manifestation de l’opposition dans la capitale.

L’ombre des mercenaires de Wagner et de la Russie

Dans le cadre du référendum, le président centrafricain a annoncé que la Russie et le Rwanda, deux Etats dont l’influence s’est considérablement accrue depuis quelques années en Centrafrique, allaient « appuyer » la sécurisation du scrutin.

L’ONU reproche notamment au régime du chef de l’Etat, au diapason des capitales occidentales et des ONG, d’avoir mis la Centrafrique sous la coupe des mercenaires russes du Groupe Wagner, présents dans le pays depuis 2018, pour combattre les rebelles.

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Des centaines de mercenaires de la société paramilitaire russe ainsi que des soldats rwandais ont été déployés en décembre 2020 pour sauver le régime de Bangui d’une offensive menée par une alliance des plus puissants groupes rebelles, qu’ils ont repoussés dans les zones rurales.

Selon HRW, des responsables de l’ambassade de Russie en Centrafrique ont rendu visite à l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle pour demander des conseils sur la manière de modifier la Constitution. En septembre 2022, la Cour constitutionnelle avait infligé un revers juridique au pouvoir en annulant la mise en place d’un Comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution. Le pouvoir avait ensuite mis la présidente de cette cour, Mme Darlan, à la retraite d’office en janvier 2023.

Source: Le Monde