Stellantis : Les bonnes ventes de Stellantis ne suffisent pas à rassurer la Bourse

May 03, 2023
333 views

(BFM Bourse) - Le constructeur automobile a dévoilé des revenus en ligne avec les attentes au premier trimestre. Mais le marché reste préoccupé par l'évolution des prix et de la demande dans les mois à venir.

Stellantis n'a pas pour habitude de décevoir les attentes. Le groupe automobile aux 14 marques a hérité des bonnes pratiques de PSA, qui publiait systématiquement des résultats en ligne ou supérieurs aux attentes.

C'est encore le cas au premier trimestre. Sur les trois premiers mois de l'année, le groupe né de la fusion en janvier 2020 entre PSA et FCA a dégagé des revenus de 47,2 milliards d'euros, en progression de 14% sur un an. Comme le souligne Royal Bank of Canada, les revenus ont dépassé de plus de 3% le consensus, qui s'établissait à 45,98 milliards d'euros, selon la banque canadienne.

Le chiffre d'affaires de la société a été à la fois porté par la reprise des volumes, qui ont eu un impact de 2,7 milliards d'euros (soit 6,5%), tandis que le "pricing", c'est-à-les hausses de prix, ont soutenu le chiffre d'affaires à hauteur de 2,3 milliards d'euros (soit 5,5%). Les seules ventes de véhicules électriques ont, en volumes, progressé de 22% en volumes sur un an.

Hausse des stocks

Les stocks du groupe ont augmenté, s'établissant à 1,3 million à fin mars contre 807.000 un an plus tôt en raison de difficultés logistiques. "Je pense que c'est davantage une question de réalisation des ventes qu'un sujet stocks", a précisé le directeur financier Richard Palmer, cité par Reuters, pour qui la production et la livraison de l'important carnet de commandes du groupe reste un défi. "Je pense que notre niveau de stock (...), vu le niveau de ventes où nous sommes, est raisonnablement situé", a-t-il ajouté.

Stellantis a sans surprise confirmé ses objectifs peu précis pour l'exercice 2023, à savoir une marge opérationnelle courante à deux chiffres (soit d'au moins 10%) et une génération de trésorerie positive.

A la Bourse de Paris, l'action Stellantis ne profite guère de cette publication, le titre baissant de 2% vers 10h30, soit la plus forte baisse du CAC 40.

"La publication ressort sans grande surprise, légèrement supérieure aux attentes, avec des revenus un peu meilleurs qu'anticipé en Amérique du Nord, ce qui est positif, mais un peu inférieur aux attentes en Europe", explique Valentin Mory, analyste chez le bureau d'études indépendant AlphaValue.

UBS souligne de son côté que les comparables américains du groupe (Ford, General Motors) avaient publié des résultats davantage supérieurs aux attentes que Stellantis.

Craintes sur les prix

"Dans l'ensemble la publication n'est pas suffisamment bonne pour éclipser les craintes que le marché a sur des potentielles baisses de l'environnement des prix et de la demande dans les mois à venir. Là-dessus la publication n'apporte aucune réelle information sur l'évolution des prix, qui pour l'heure tiennent bien", poursuit Valentin Mory.

Le marché redoute que les récentes et nombreuses baisses de prix effectuées par Tesla mettent sous pression l'ensemble des acteurs du marché et pèsent sur les tarifs des véhicules neufs. Ces craintes avaient notamment fait plonger l'action Renault il y a deux semaines.

Mais pour l'heure les constructeurs refusent d'entrer dans le jeu de Tesla. Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, l'avait très clairement dit, la semaine dernière, lors d'une visite d'un site du groupe en Moselle.

"Stellantis n'a pas besoin de répondre à Tesla parce que le prix de nos véhicules est bien inférieur à celui de Tesla. Donc pour nous ce n'est pas une question pressante, c'est une question pour Tesla qui était (à des niveaux de prix) très élevés par rapport au reste du marché", expliquait-il. "Si tout le monde devient fou et met les constructeurs automobiles dans le rouge, on verra", ajoutait néanmoins le dirigeant.

Aussi bien le directeur général de Renault, Luca de Meo, que plus récemment son directeur financier, Thierry Piéton, ont également écarté d'un revers de la main l'idée de baisse des prix. Ce même si les analystes soulignent que la Megane E-Tech du groupe au losange évolue dans une zone de prix sensible par rapport aux véhicules de Tesla, en particulier la Model 3.

Julien Marion - ©2023 BFM Bourse

Source: BFM Bourse