L'hypothèse criminelle privilégiée après l'incendie de cinq engins sur un chantier du Lyon-Turin
Des engins de chantier ont été la cible d'un incendie volontaire samedi soir sur un site de creusement du tunnel Lyon-Turin. La compagnie en charge de l'ouvrage fait savoir qu'elle engagera "les actions judiciaires nécessaires" pour identifier les auteurs.
Cinq engins de chantier ont été dégradés par un incendie volontaire samedi 29 juillet à Modane, en Savoie. Une quinzaine de sapeurs-pompiers ont été mobilisés vers 23 heures sur les lieux du sinistre, un site de la compagnie publique franco-italienne Telt chargée de construire la ligne ferroviaire Lyon-Turin.
Des détonations provenant de l'explosion des pneus des engins ont été entendues. L'origine volontaire de l'incendie ne ferait aucun doute au vu des premiers éléments, a-t-on appris auprès de la compagnie de gendarmerie de Saint-Jean-de-Maurienne, en charge de l'enquête. Quatre points de départ de feu ont été identifiés sur des palettes en bois disposées sous les véhicules incendiés.
Quatre départs de feu ont été identifiés sur des palettes disposées sous les engins de chantier. • © DR
Les travaux devaient débuter ce lundi sur cette portion, mais ont été repoussés de plusieurs semaines. Les engins visés auraient dû servir à percer 200 mètres de tunnel afin de créer une piste de contournement pour les poids lourds se rendant sur le site du chantier. Une enquête a été ouverte par le parquet d'Albertville.
Je ne comprends pas qu'on puisse en arriver là. Jean-Claude Raffin, maire (DVG) de Modane à France 3 Alpes
"C'est mettre à mal l'existence de Modane et de Fourneaux qui vont coexister avec les poids lourds pendant encore quelques mois alors que la finalité, c'était de nous éviter cela", regrette le maire (PS) de Fourneaux, François Chemin, alors que quelque 11 000 voitures et 300 camions transitent chaque jour sur les routes de l'agglomération. "Je ne comprends pas qu'on puisse en arriver là", ajoute le maire (DVG) de Modane, Jean-Claude Raffin, indiquant que les dommages sont estimés entre "1 et 2 millions" d'euros.
Un acte "non revendiqué"
"Je condamne avec la plus grande fermeté les dégradations commises contre le chantier du Lyon-Turin. Un acte injustifiable et dangereux", a déclaré sur Twitter (rebaptisé "X") le ministre des Transports Clément Beaune, ajoutant que l'enquête "déterminera les responsables et permettra de les sanctionner".
De son côté, l'entreprise Telt "condamne fermement les dégradations commises cette nuit", parlant d'un "acte de malveillance non revendiqué". "Telt et les entreprises œuvrant sur ce chantier apporteront tout leur concours à l’enquête de gendarmerie et engageront les actions judiciaires nécessaires", fait-elle savoir également sur Twitter.
L'incident est survenu alors que les opposants italiens au Lyon-Turin, les No Tav, organisaient de l'autre côté de la frontière un festival pour protester contre le chantier. Aucun lien ne serait établi à ce stade.
Une autre manifestation d'ampleur s'est déroulée en juin dans la vallée de la Maurienne à l'appel d'une dizaine d'organisations dont les Soulèvements de la Terre, depuis dissous sur décision du gouvernement. Plusieurs milliers de personnes avaient pris part à la manifestation marquée par une brève occupation de l'autoroute A43 et des échauffourées.
La liaison ferroviaire Lyon-Turin, qui passera par un tunnel de 57,5 km entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse (Italie), est contestée depuis de nombreuses années par certains habitants, rejoints par des élus mais aussi des militants écologistes. La ligne doit entrer en service en 2032.
Source: France 3 Régions