Dans " Mon voisin Totoro ", de Hayao Miyazaki, des trombes d’eau qui ravissent une grosse peluche poilue

August 01, 2023
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La scène de l’orage dans « Mon voisin Totoro » (1988), de Hayao Miyazaki. STUDIO GHIBLI

La séquence ne dure qu’une dizaine de minutes dans un film d’une heure vingt-sept, mais elle fait partie de ces moments cinématographiques qui s’impriment dans les mémoires. Dans le long-métrage de Hayao Miyazaki, Mon voisin Totoro, sorti au Japon en 1988 et découvert en France onze ans plus tard, la scène de l’orage est une séquence culte du cinéma d’animation. Des images en sont d’ailleurs déclinées sur tout un lot de produits dérivés – mug, tote bag, bob ou tee-shirt –, où s’affiche la grosse peluche poilue et griffue imaginée par le dessinateur japonais, tenant à bout de patte un parapluie sous lequel elle tente de se protéger de la pluie comme le font les deux fillettes avec lesquelles elle partage la vedette du film, la petite Mei et sa grande sœur Satsuki.

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Rappelons brièvement l’histoire de cet hymne à la nature et à l’enfance qu’est Mon voisin Totoro, quatrième long-métrage et chef-d’œuvre de Hayao Miyazaki (dont le dernier film, Et vous, comment vivrez-vous ?, est sorti vendredi 14 juillet au Japon), dessiné à la main avec son équipe du studio Ghibli. Nous sommes dans les années 1950, l’époque de la jeunesse du cinéaste, né en 1941. Leur mère hospitalisée, deux filles et leur père quittent leur appartement de Tokyo pour venir s’installer dans une maison, à la campagne.

Un monde nouveau pour les deux sœurs, avec sa végétation luxuriante peuplée de bestioles inconnues, gardiennes de la forêt, invisibles des adultes, qu’elles ont vite fait d’intégrer à leurs rêveries. A commencer par la plus imposante de ces créatures, une chimère mi-chat, mi-panda, aux yeux tendres et au ventre rebondi, découverte par Mei un jour où elle s’était égarée dans les bois et dont Satsuki fait la connaissance un soir de pluie, alors qu’elles attendent leur père à un arrêt de bus.

Séquence magique

C’est à ce moment que les éléments se mettent à se déchaîner. Une nuit noire s’abat sur la campagne, un vent violent secoue les arbres, et des trombes d’eau se déversent sur les fillettes. Apparaît alors la silhouette bonhomme de Totoro, nom donné par Mei à son nouvel ami. A ses côtés, l’attente du bus fait basculer le film dans le fantastique.

La pluie imprime sa présence à l’image, qui se couvre de fines striures blanches, comme sur la bande-son. D’une remarquable précision réaliste, celle-ci se gorge d’eau : ploc-ploc des gouttes tombant sur le nez de Totoro, floc-floc des bottes en caoutchouc dans les flaques, bim-bim de l’averse sur les parapluies, autant de bruits qui semblent réjouir le héros poilu dont le ravissement déteint sur les fillettes, réconfortées par cette présence rassurante.

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Source: Le Monde