Des combats entre factions dans un camp palestinien au Liban font onze morts
Un membre du Fatah tire en l’air lors des funérailles du chef de la sûreté nationale palestinienne pour la région de Saïda, Abou Ahmad Al-Armouchi. Au camp de réfugiés palestinien de Rashidieh, au Liban, le 31 juillet 2023. MOHAMMAD ZAATARI / AP
Pendant trois jours, le camp de réfugiés palestiniens d’Aïn El-Héloué, à Saïda, dans le sud du Liban, a vécu au rythme des combats entre factions rivales du Fatah et groupuscules islamistes. Les tirs à l’arme automatique et de roquettes antichars ont résonné dans la ville côtière jusqu’à ce qu’une trêve soit instaurée entre combattants, lundi 31 juillet au soir. Les affrontements ont fait 11 morts et 40 blessés, selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Deux mille personnes ont dû fuir le camp, samedi, sous les tirs et les obus, qui ont fait d’importants dégâts. Des quartiers alentour ont été touchés, forçant les écoles et les commerces à fermer leurs portes.
Dans ces affrontements, les plus importants qu’ait connus ce camp de 54 000 habitants depuis 2017, se superposent des logiques locales et régionales : des règlements de comptes entre quartiers et bandes rivales d’Aïn Al-Héloué ont pris un tour politique sur fond de lutte intrapalestinienne. Le conflit a commencé, dans la soirée de samedi, lorsqu’un jeune homme du camp, membre du groupuscule islamiste Chabab El-Muslim, a été tué, par vengeance, par le frère d’un autre jeune, mort, lui, dans des combats en mars. L’affaire a pris un tour sérieux, dimanche, lorsque le chef de la sûreté nationale palestinienne pour la région de Saïda, Abou Ahmad Al-Armouchi, est tombé dans une embuscade, avec quatre de ses hommes.
Ce responsable du Fatah, le parti du président palestinien Mahmoud Abbas, avait été chargé de remettre l’auteur du meurtre de samedi à l’armée libanaise. Le chef de la sûreté nationale palestinienne au Liban, Sobhi Abou Arab, a accusé le groupe islamiste Jund Al-Cham d’être responsable de l’attaque. A Ramallah, en Cisjordanie occupée, la présidence palestinienne a dénoncé un « assassinat terroriste ». « Depuis cet assassinat, dont il subsiste de nombreuses zones d’ombre, le Fatah est entré dans une guerre d’élimination de tous les groupuscules islamistes dans le camp », indique un bon observateur du dossier.
Echec de la médiation
La première trêve, décrétée, dimanche soir, après la médiation de plusieurs partis libanais et factions palestiniennes, n’a pas tenu. Le président Mahmoud Abbas et le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, ont été sollicités pour intervenir auprès des factions rivales à Saïda. Ils étaient réunis au Caire, lundi, pour une réunion consacrée à la réconciliation intrapalestinienne, qui s’est achevée sans résultat. « Nous refusons l’utilisation du territoire libanais pour régler des comptes étrangers aux dépens du Liban et des Libanais », a averti le premier ministre sortant, Najib Mikati.
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Source: Le Monde