Incident avec la Biélorussie, la Pologne envoie des forces supplémentaires à la frontière
Le franchissement de la frontière par les deux hélicoptères biélorusses a été signalé aux autorités par des habitants proches de la frontière qui ont photographié les engins. La géolocalisation de ces photos et l’identification du paysage semblent prouver que les deux hélicoptères volaient bien en Pologne, ce dont doutaient ce mardi matin les autorités polonaises.
Selon la Pologne, la frontière a été franchie « à très basse altitude » mardi matin dans la région de Białowieża, dans l’est du pays et à une centaine de kilomètres de l’Ukraine, au sud, « ce qui rendait (ce franchissement) difficile à détecter par les systèmes radar ». Le ministère note d’ailleurs « que les systèmes radar polonais n’ont enregistré aucune violation de l’espace aérien polonais ».
La Pologne a décidé ce mardi soir d’augmenter ses forces militaires à sa frontière avec la Biélorussie après un incident ce mardi 1er août. « Il a été établi qu’aujourd’hui, il y avait eu une violation de l’espace aérien polonais par deux hélicoptères biélorusses qui effectuaient un entraînement près de la frontière », indique le ministère polonais de la Défense dans un communiqué , en précisant que « la partie biélorusse avait précédemment informé la partie polonaise » de l’entraînement.
En conséquence, le ministre de la Défense a ordonné « d’augmenter le nombre de soldats à la frontière et d’allouer des forces et des ressources supplémentaires, y compris des hélicoptères de combat », poursuit le communiqué qui ajoute que « l’OTAN a été informée de l’incident ». Le ministère biélorusse des Affaires étrangères a jugé ces accusations « farfelues ».
Les tensions sont au plus haut entre la Pologne et la Biélorussie depuis le début de la guerre en Ukraine. Minsk, alliée de Moscou, a laissé l’armée russe passer par son territoire pour attaquer Kiev en février 2022. Les relations étaient déjà mauvaises à cause de la crise des migrants, la Pologne accusant son voisin de faire venir des milliers de demandeurs d’asile et de les envoyer vers l’Europe. « Nous voudrions rappeler que la Russie et la Biélorussie ont récemment intensifié leurs activités hybrides contre la Pologne », indique à ce propos le ministère polonais de la Défense dans son communiqué.
La menace des mercenaires de Wagner
Autre facteur d’inquiétude côté polonais, la présence croissante du groupe Wagner en Biélorussie. Depuis l’échec de la mutinerie du 24 juin, les mercenaires d’Evguéni Prigojine se sont installés dans ce pays. Fin juillet, la Biélorussie a annoncé qu’ils allaient « s’entraîner avec les forces spéciales biélorusses aux missions de combat ».
Et samedi dernier, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a affirmé qu’une centaine de soldats du groupe Wagner s’étaient rapprochés de la ville biélorusse de Grodno, près de la frontière. « La situation devient de plus en plus dangereuse (…) Très probablement, ils (le personnel de Wagner) seront déguisés en garde-frontière biélorusse et aideront les migrants illégaux à se rendre sur le territoire polonais (et) déstabiliseront la Pologne, avait déclaré le Premier ministre. Ils essaieront très probablement d’entrer en Pologne en se faisant passer pour des migrants illégaux et cela pose des menaces supplémentaires. »
Le risque de conflit ouvert entre la Pologne, membre de l’OTAN, et la Biélorussie est quasi nul sur le papier, mais un accident ou la provocation de trop ne peut évidemment pas être écarté.
Source: La Voix du Nord
