Aéroport de Nantes : remises de gaz, vols déroutés... Nouvelle pagaille dans le ciel nantais

August 02, 2023
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Mardi soir, deux vols n’ont pas pu se poser sur le tarmac de l’aéroport Nantes-Atlantique. La veille, neuf appareils avaient connu le même sort. Cette situation est loin d’être une première. Explications.

Le Figaro Nantes

Des pilotes qui s’y reprennent à plusieurs fois pour poser leur avion. D’autres qui préfèrent mettre le cap vers un autre aéroport. Les deux dernières soirées ont été complexes dans le ciel de Nantes. Le paroxysme de ces difficultés a été atteint lundi soir. Neuf avions n’ont pas pu se poser à l’aéroport de Nantes-Atlantique. Les passagers se sont alors retrouvés loin de leur destination que ce soit à Bordeaux, Paris ou Limoges. Mardi soir, la situation s’est un peu améliorée - pour ainsi dire - avec «seulement» deux vols déroutés vers l’aéroport Charles-de-Gaulle et celui de Rennes.

D’autres voyageurs ont eux expérimenté la remise des gaz au dernier moment par le pilote ou encore le fait de tourner en rond dans le ciel en attendant de pouvoir se poser. Certains sont aussi arrivés à Nantes bien plus tard que prévu avec des atterrissages après minuit malgré le couvre-feu en vigueur. De quoi irriter les riverains, mobilisés depuis l’entrée en vigueur de cette disposition - le 8 avril 2022 - qu’ils estiment peu respectée.

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Déroutements «quasi systématique»

Ce récent épisode de pagaille est loin d’être une première. C’est même un phénomène récurrent. Il avait déjà été constaté en janvier et mars derniers. Interrogé à l’époque par Le Figaro, un fin connaisseur de l’aéroport de Nantes ne se disait pas surpris. Il prévoyait même des déroutements d’avions «quasi systématiques dès que la visibilité ne [serait] pas bonne» pour les atterrissages venant du nord car «les pilotes ne prendront aucun risque». La situation actuelle semble lui donner raison.

Les autorités, dont la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) en tête, sont au fait des multiples problématiques inhérentes à l’aéroport de Nantes. En janvier dernier, cette dernière avait expliqué au Figaro que c’était une «conjonction de plusieurs facteurs» à l’origine des difficultés constatées. En premier lieu, elle imputait le phénomène à des «conditions météo dégradées». Que ce soit en janvier, mars ou plus récemment, le désordre dans le ciel nantais s’est produit lors d’épisodes venteux cumulés à un plafond nuageux situé à basse altitude.

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Facteurs technique et humain

La seconde explication avancée par la DGAC évoquait «une contrainte d'atterrissage supplémentaire mise en œuvre depuis janvier à titre provisoire». Selon le jargon technique, il s'agit d'une «mesure de sécurité» engendrant un «rehaussement des minima de 300 pieds». En clair, un pilote doit décider 90 mètres plus haut qu'auparavant s'il peut poser son appareil au sol ou doit remettre les gaz.

Problème : à l'aéroport de Nantes, pour les «atterrissages sud» quand le vent souffle de l'ouest (ce qui est fréquent), les avions sont obligés de suivre une trajectoire désaxée de 12° par rapport à la piste - à titre dérogatoire - afin de limiter le survol de la ville. Surtout, pour cette manœuvre, les pilotes sont dépourvus de tout système de guidage de haute précision - nommé ILS - qui devrait entrer en service en 2025 même si rien n’est confirmé pour l’heure.

En attendant, les pilotes doivent compter sur une bonne visibilité afin d'apercevoir la piste et faire une approche à vue. Problème - là encore - avec le rehaussement des minima de 300 pieds, la possibilité que des nuages obstruent la vision des pilotes est accrue. Il est donc fort probable que de nouveaux incidents de ce genre agitent le ciel nantais dans les mois à venir.

Source: Le Figaro