Le projet d’une " supercompagnie " pour les vols à destination de l’outre-mer fait son retour
Un A330 de la compagnie Air Caraïbes, à l’aéroport Marcel-Dassault, à Châteauroux-Deols (Indre), le 22 mai 2020. GUILLAUME SOUVANT / AFP
C’est l’arlésienne de l’aviation française. Depuis plusieurs années, la création d’un second pavillon tricolore à côté d’Air France fait l’objet de rumeurs récurrentes. Mais la survenue de la pandémie de Covid-19 a rebattu les cartes. Après la crise sanitaire, il ne reste que deux sortes de compagnies aériennes : celles qui connaissent des difficultés et celles qui sont sorties plus fortes de cette épreuve.
A l’image d’Air France, ces dernières ont profité des aides d’Etat pour se renforcer, se restructurer, tailler dans leurs effectifs et moderniser leur flotte. Avec le retour de l’activité, une période de consolidation s’ouvre pour les compagnies, en particulier pour les plus petites et les plus fragiles.
L’idéal selon les spécialistes du paysage aérien français serait de constituer, à côté d’Air France, un pôle axé sur les destinations d’outre-mer : les Antilles, la Guyane et La Réunion. Un « Air outre-mer » qui associerait Air Austral, la compagnie de La Réunion, Corsair et Air Caraïbes. « La consolidation est en marche. Elle est inévitable », admet auprès du Monde Pascal de Izaguirre, directeur général de Corsair et président de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers. Un « Air outre-mer » serait la solution « aux problèmes de taille critique. Cela créerait des synergies et des économies d’échelle », ajoute-t-il.
Canards boiteux
Cette idée, portée notamment par le ministre délégué chargé des outre-mer, Jean-François Carenco, avait déjà pris un peu de corps à l’occasion de la présentation des résultats annuels d’Air France, mi-février. A cette occasion, Ben Smith, directeur général d’Air France-KLM, avait plaidé pour une consolidation du secteur. « Le marché outre-mer est vraiment un marché sur lequel il devrait y [en] avoir une. Avoir quatre sociétés sur un seul réseau, des sociétés qui sont assez petites, ce n’est pas le plus optimal pour nous, ni pour les passagers. Existe-t-il une option qui pourrait être intéressante pour nous et les autres opérateurs ? C’est quelque chose qu’on étudie », avait-il lancé.
La situation financière difficile des trois compagnies remet régulièrement ce projet sous les feux de l’actualité. Alors qu’Air France est sorti de la crise plutôt renforcée, Air Austral, Corsair et Air Caraïbes font, à des degrés divers, figure de canards boiteux. Air Austral, reprise par un consortium de 27 investisseurs locaux, peut profiter d’un ballon d’oxygène bienvenu : 185 de ses 250 millions d’euros de dette viennent d’être effacés d’un trait de plume.
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Source: Le Monde