"On avait un boulevard, mais on n'en a pas profité" : la gauche désemparée tente un premier bilan sur la réforme des retraites
La stratégie de la Nupes est au cœur des interrogations à gauche, entre ceux qui refusent la sinistrose et ceux qui estiment le bilan "négatif".
Réunion des leaders de la gauche mardi 2 mai, séminaire des députés de la Nupes mercredi... La gauche désemparée entame une thérapie de groupe. La gauche est désemparée, car la réforme des retraites et la mobilisation contre elle est une occasion manquée pour elle. Et il suffit de se pencher sur la première enquête d'opinion venue pour s'en rendre compte. "On avait un boulevard, mais on n'en a pas profité", se désole un ténor de la Nupes. Autrement dit, la gauche aurait dû tirer les marrons du feu, mais elle ne l'a pas fait. Incapable, dixit un de ses cadres, de proposer autre chose qu'un simple "discours oppositionnel".
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La faute à qui ? D'abord, aux divisions internes – c'est vieux comme le monde – mais même lundi pour le défilé du 1er-Mai, les leaders de la gauche ont fait bande à part. Jean-Luc Mélenchon et son appel à l'insurrection d'un côté, des députés sous des banderoles communes un peu plus loin. Et beaucoup plus loin : Fabien Roussel, le communiste qui a la dent dure, jugeant la Nupes dépassée, fagocitée par les insoumis et leur leader. "On est tombé dans le panneau", estime un socialiste, qui voit la Nupes devenir la "caricature" d'elle-même. À l'heure où les syndicats, notamment Laurent Berger, ont gagné en crédibilité, "la gauche de gouvernement est passée à la CFDT", estime même un vieux socialiste.
"On n'a pas d'idées"
Et la thérapie de groupe prévue encore aujourd'hui peut-elle changer les choses ? Non, car empêcher le gouvernement de tourner la page des retraites ne fait pas un grand projet politique. "On n'a pas d'idées", juge sévèrement un membre de la Nupes, et les perspectives ne sont pas très emballantes.
La décision du Conseil constitutionnel sur le référendum d'initiative partagée attendue mercredi, la proposition de loi du petit groupe Liot début juin pour abroger la réforme des retraites, ou encore la perspective du 14 juillet, pour une grande fête de la Révolution, ne font pas rêver. D'ailleurs en coulisses, personne ne se fait d'illusion. "C'est trop tard, râle un stratège, les institutions font que c'est fini et le bilan est négatif".
Mais la direction de la France Insoumise refuse la sinistrose. Selon nos informations, LFI revendique 4 000 militants de plus et 17 millions de tracts distribués lors de la séquence retraites...
Tout cela peut se régler avec un candidat unique en 2027 ? Pas sûr... Au hasard : François Ruffin, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Clémentine Autain et peut-être même Olivier Faure... Beaucoup d'ambitieux, beaucoup d'ambitions et donc beaucoup de rivalités. "On n'est pas encore en mesure d'arriver aux 50%", constate un insoumis. Pourtant, le candidat unique, c’est un vieux fantasme à gauche. Marine Tondelier, la patronne des Verts, appelait encore à faire cause commune en 2027 dans le JDD, dimanche. Mais la conclusion d’un communiste dit (à peu près) tout : "La présidentielle, ça nous pourrit la vie".
Source: franceinfo