"Bien trop petit" interdit aux mineurs : en réaction, Nicolas Mathieu va publier un livre de témoignages sur les récits érotiques adolescents de ses abonnés
Après la décision de Gérald Darmanin, le romancier, prix Goncourt en 2018, avait lancé un appel à témoignages.
Œil pour œil, livre pour livre. Alors que le ministre de l'Intérieur a interdit un roman jeunesse accusé de pornographie, l'écrivain Nicolas Mathieu propose d'"ensevelir Darmanin sous nos histoires de cul", dans un entretien au magazine Télérama, mercredi 2 août. Quinze jours après un appel à contribution lancé sur les réseaux sociaux, le romancier a récolté de nombreux témoignages dont il devrait tirer un livre qui devrait sortir en octobre.
Le ministre de l'Intérieur a signé le 17 juillet arrêté interdisant la vente aux mineurs de Bien trop petit, de Manu Causse. L'ouvrage, édité chez Thierry Magnier, "manifestement destiné à la jeunesse, contient, à travers le récit d'une fiction imaginée par le personnage principal (...) la description complaisante de nombreuses scènes de sexe très explicites", déplorait alors l'équipe de Gérald Darmanin.
Quelques jours plus tard, l'écrivain Nicolas Mathieu a lancé un appel sur son compte Instagram demandant à ses abonnés de lui raconter leurs récits érotiques et témoignages d'adolescence, sous le hashtag #wheniwas15 (quand j'avais 15 ans). "A 15 ans, on aime et on désire comme des dingues. La littérature a quelque chose à dire de ces états. Le fait de permettre l'émergence de textes qui irriguent cette libido, et l'accompagnent, ne peut en aucun cas être confondu avec un abus", explique le romancier à Télérama.
Nicolas Mathieu a reçu le prix Goncourt en 2018 pour Leurs enfants après eux. Son deuxième roman s'intéressait à la vie d'adolescents pendant quatre étés avant l'an 2000, à l’âge des premiers frôlements, dans un bassin sidérurgique privé d'avenir.
Il a ainsi récolté un nombre important d'histoires. Le livre qu'il va en tirer sera en collaboration avec l'éditeur Thierry Magnier. "Ce n'était pas un plan machiavélique, explique Nicolas Mathieu à l'hebdomadaire. Mais c'est allé bien au-delà de ce que j'avais imaginé…"
Manque de contributions masculines
"Je reçois aussi beaucoup de messages privés sur Instagram, certainement les plus graves, les plus troublants, les plus politiques", poursuit l'écrivain dans l'entretien. Il évoque notamment le témoignage d'une femme ayant découvert "la reconstruction de sa puissance à désirer" lorsqu'elle a pu s'éloigner de son père incestueux, à ses 15 ans. Seule inquiétude, l'auteur a reçu presque uniquement des contributions féminines. "Je vais lancer un appel !", promet-il.
Thierry Magnier aimerait quant à lui publier un livre "pas au-delà de 10 euros", et dont les bénéfices seraient reversés à une association. "Il faut en faire un vrai livre ! Participer était un acte militant, l'éditer aussi, on ne fera pas de profit dessus."
Source: franceinfo