Marché : A Wall Street, un vent de panique souffle sur les banques régionales américaines

May 03, 2023
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(BFM Bourse) - Malgré le sauvetage de la First Republic Bank par JP Morgan, les inquiétudes sur le compartiment bancaire ressurgissent. Plusieurs banques régionales ont subi de lourds dégagements à la clôture mardi soir à Wall Street. Le marché est à la recherche du maillon faible.

Le soulagement aura été de courte durée après la reprise de la majorité des actifs de First Republic Bank par JP Morgan. Les banques régionales américaines ont une nouvelle fois été dans le viseur des marchés, accusant de lourdes pertes à la clôture mardi soir.

La banque régionale PacWest, dont la cotation a été suspendue plusieurs fois pour volatilité, a chuté de 27,5% tandis que Western Alliance a lâché 15%. La banque Zions a rendu 11%, KeyCorp et East West ont cédé 9%. Les grandes banques américaine n'ont pas échappé à ce mouvement de défiance: Wells Fargo a clôturé en baisse de 3,8%, Bank of America a plié pour sa part de 3% suivi de Citigroup (-2,7%) et JPMorgan Chase (-1,6%).

"Il est évident que les inquiétudes renaissent même après l'opération de reprise de First Republic, cela empire", déclare Karl Haeling de la banque LBBW, cité par l'AFP.

Ce regain de tensions sur l'ensemble du compartiment bancaire ont pesé sur les indices dont le S&P 500 qui a perdu jusqu'à 2% en séance. "Wall Street appuie rapidement sur le bouton de vente alors que les turbulences bancaires semblent ne pas vouloir disparaître de sitôt", a déclaré Ed Moya, analyste principal de marché chez Oanda.

"L'appétit pour le risque n'a pas tenu car les traders se sont concentrés sur les doutes persistants concernant les banques régionales, les probabilités croissantes de récession et les risques de plus en plus importants que les États-Unis fassent défaut sur leur dette le mois prochain", poursuit-il.

Une chasse aux canards boiteux

Lundi, la géante américaine JPMorgan a racheté l'essentiel des actifs de sa petite sœur régionale First Republic qui était dans la tourmente depuis plusieurs semaines. Cette opération "va aider à stabiliser le système", a martelé plusieurs fois Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, après l'annonce de l'opération.

Ce sauvetage devait rassurer les investisseurs et clôturer le chapitre de la crise bancaire qui avait semé la panique sur les marchés en mars dernier. En plus de First Republic Bank, les deux défaillances rapprochées de Silicon Valley Bank et de Signature Bank mi-mars avait semé la panique sur les places financières mondiales.

Mais pour les marchés, les propos rassurants de Jamie Dimon ne sont pas pris pour argent comptant. "Le marché est en train de nous dire qu'il est à la chasse d'autres banques", ajoute Karl Haeling.

Les banques qui ont le plus souffert mardi en Bourse sont celles dont les dépôts ont le plus baissé. Effrayés, les épargnants se tournent vers des établissements jugés plus solides. En conséquence ces établissements bancaires sont "les plus vulnérables", souligne Ryan Nash, analyste chez Goldman Sachs, lors d'un point presse sur l'état du secteur bancaire mardi rapporté par l'AFP.

"Pendant la crise financière (de 2007-2009), quand la situation d'une banque était résolue (par une faillite ou un rachat, NDLR), le marché avait tendance à aller chercher le prochain maillon faible", rappelle le spécialiste. "C'est ce qui se passe actuellement", ajoute-t-il.

Les marchés craignent donc l'effet domino. Si cette onde de choc se propage à des établissements bancaires plus importants, le mouvement de panique sera plus vif. La Réserve fédérale ne peut donc pas fermer les yeux sur ces risques. Elle doit rendre sa décision de politique monétaire mercredi après-midi et les marchés espèrent qu'elle procédera à un dernier coup de vis monétaire avant une pause dans ce contexte de turbulences bancaires.

"La Fed doit considérer" les difficultés du secteur bancaire "comme un événement qui change la donne", poursuit Karl Haeling de LBBW et ne plus estimer que les banques font les frais de cas "isolés de mauvaise gestion".

C'est donc dans ce contexte chahuté que les banques françaises vont publier leurs comptes du premier trimestre. Mercredi, BNP Paribas a eu la lourde charge d'inaugurer le bal des publications tricolores de ce secteur en crise. La première banque de la zone euro a enregistré un très bon début d'année avec des résultats supérieurs aux attentes.

La banque de la rue d'Antin rassure tout comme son homologue transalpine, Unicredit qui a fait état de résultats trimestriels surclassant les prévisions des marchés. Mercredi prochain, Crédit Agricole s'essayera à l'exercice avant Société Générale le vendredi 12 mai.

A la Bourse de Paris, BNP Paribas est stable à 56,95 euros tout comme Crédit Agricole à 10,94 euros tandis que Société Générale pointe en légère baisse de 0,3%.

Source: BFM Bourse