Moscou dit avoir déjoué une attaque de drones ukrainiens contre le Kremlin, Kiev dément

May 03, 2023
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La Russie a affirmé, mercredi 2 mai, avoir abattu deux drones ukrainiens qui visaient le Kremlin à Moscou, dénonçant une tentative d’assassinat de Vladimir Poutine. Cette accusation a été rejetée dans la foulée par Kiev.

« Nous n’avons pas attaqué [Vladimir] Poutine », a dit le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d’un déplacement surprise en Finlande. « Nous défendons nos villages et nos villes », a-t-il ajouté, au moment où, selon Kiev, des frappes russes ont fait dix-huit morts dans la région de Kherson (sud de l’Ukraine). Les Etats-Unis, alliés de Kiev, ont de leur côté dit prendre avec « beaucoup de précaution » les accusations du Kremlin.

« La nuit dernière, le régime de Kiev a tenté de frapper le Kremlin » avec deux drones qui ont été mis « hors service » par des systèmes de guerre électronique, avait affirmé la présidence russe à la mi-journée. Elle a dénoncé « une tentative d’acte terroriste et un attentat contre la vie du président », ajoutant que « la Russie se réserve le droit de prendre des mesures de représailles où et quand elle le jugera approprié ».

Un haut responsable russe, le président de la chambre basse du Parlement, Viatcheslav Volodine, a appelé à riposter en utilisant « des armes capables de stopper et de détruire » la direction ukrainienne. L’ex-président Dmitri Medvedev a été plus loin : « Après l’attentat terroriste d’aujourd’hui, il ne reste pas d’autre solution que l’élimination physique de [Volodymyr] Zelensky et de sa clique », a-t-il écrit sur Telegram, actuel numéro deux du Conseil de sécurité russe et coutumier des déclarations au vitriol.

Kiev dément toute attaque en territoire russe

L’Ukraine, qui dément régulièrement les attaques en territoire russe qui lui sont attribuées, a là encore nié toute implication. « Nous n’avons pas attaqué Poutine (…). Nous combattons sur notre territoire, nous défendons nos villages et nos villes », a insisté M. Zelensky lors d’une conférence de presse à Helsinki.

L’un des conseillers du président ukrainien, Mykhaïlo Podoliak, a accusé Moscou de « mise en scène » pour justifier « une attaque terroriste d’ampleur en Ukraine ».

La tentative d’attaque rendue publique par le Kremlin s’est déroulée à quelques jours des célébrations du 9 mai marquant la victoire sur l’Allemagne nazie en 1945. Plusieurs défilés militaires ont été annulés à travers la Russie en raison des préoccupations sécuritaires. La région de Briansk, frontalière de l’Ukraine, a ainsi renoncé mercredi aux grandes festivités, après deux sabotages spectaculaires qui ont fait dérailler deux trains ces derniers jours.

Le Kremlin a toutefois affirmé mercredi que le grand défilé militaire sur la place Rouge à Moscou aurait bien lieu comme prévu. Le dispositif policier ne semblait pas avoir été renforcé mercredi. Des badauds déambulaient près de la place Rouge, sans avoir l’air inquiet, devant des banderoles célébrant le 9-Mai. La mairie de Moscou a annoncé mercredi l’interdiction des vols de drones au-dessus de la ville.

Les incidents impliquant des drones se sont multipliés ces derniers mois en Russie, ces engins ayant pris pour cible des bases militaires ou des infrastructures énergétiques. Un dépôt de carburant a ainsi pris feu dans la nuit de mardi à mercredi en Russie, à proximité de la Crimée annexée, après la « chute d’un drone », selon l’agence de presse officielle TASS.

La multiplication de ces actions arrive à un moment où Kiev affirme avoir terminé ses préparatifs en vue d’une grande contre-offensive contre les positions russes en Ukraine.

La région de Kherson est souvent citée par les analystes comme l’un des théâtres possibles d’une contre-offensive ukrainienne. La capitale régionale, Kherson, a été reprise en novembre par les troupes de Kiev, mais elle est, depuis, régulièrement bombardée par les Russes.

Lors de son déplacement surprise à Helsinki, M. Zelensky a affirmé que « cette année sera décisive (…) pour l’Europe, pour l’Ukraine ». La Commission européenne a dans ce contexte présenté mercredi un instrument financier doté de 500 millions d’euros pour renforcer la capacité de production de munitions de l’Union européenne à un million d’obus par an afin de reconstituer ses arsenaux et d’aider l’Ukraine.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde