Entre Messi et le PSG, " un problème mineur transformé en conflit sans retour " dénoncent les médias argentins

May 03, 2023
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Lionel Messi, déçu, après la défaite du Paris Saint-Germain (PSG) en Ligue 1, face au FC Lorient, au Parc des Princes, le 30 avril 2023. FRANCK FIFE / AFP

« Une sanction de fous », s’insurge le quotidien sportif argentin Olé. Dans un encadré en « une », mercredi 3 mai, le journal revient sur le crime de lèse-majesté dont a été victime l’enfant du pays : Lionel Messi. L’attaquant a été sanctionné, la veille, par son club, le Paris Saint-Germain (PSG), en raison d’un voyage en Arabie saoudite pour lequel il n’avait pas donné son autorisation.

D’autant que le natif de Rosario, qui s’était envolé à Riyad pour honorer son partenariat commercial avec l’office du tourisme de la monarchie, voisine et rivale du Qatar – propriétaire du PSG –, avait manqué un entraînement de l’équipe au Camp des Loges. Pas du meilleur effet au lendemain d’une défaite cuisante (1-3) au Parc des Princes face à Lorient, 10e du championnat de France.

Bilan : une procédure disciplinaire et « plusieurs jours » de suspension sans salaire. Une sanction « trop forte », à en croire Olé : « Nous parlons du meilleur joueur du monde, celui qui a eu un comportement exemplaire tout au long de sa carrière, que ce soit à Barcelone ou même en équipe nationale. » Le titre, qui possède même une rubrique consacrée à la star, en est convaincu : c’est « la trame d’une fin annoncée ». L’accord de principe entre le club francilien et le joueur pour une prolongation de contrat, savamment mis en scène dans les médias dans la foulée de la Coupe du monde au Qatar, en décembre 2022, semble désormais bien loin…

« Un tsunami dans un verre d’eau »

« Les jours et les mois passaient et il n’y avait plus de réunions ni de nouvelles entre [Luis] Campos [le directeur sportif du PSG] et Messi. Au club, on a conclu que le numéro 30 n’était pas prêt à continuer à Paris, parce qu’il n’y avait pas de progrès ou de communication. Au-delà du fait que Leo [surnom de Messi], publiquement, n’a jamais rien dit sur son avenir. Mais il y avait plus d’odeur de départ que de continuité… », écrit le quotidien. Jusqu’à « ce moment inespéré » : ce voyage en Arabie saoudite, « qui a fait dresser les cheveux sur la tête des Qataris ».

En Argentine, l’affaire va jusqu’à agiter les médias généralistes. La Nacion, elle aussi, y voit le « préambule d’un éloignement définitif, sans marge de manœuvre pour se mettre d’accord sur le renouvellement du contrat [du joueur] qui expirera en juin prochain ». Pour le titre conservateur, cette « rupture intervient après avoir créé un tsunami dans un verre d’eau, transformant un problème mineur en conflit sans retour ».

Avant de s’interroger : « Le PSG aurait-il procédé de la sorte si Messi avait remporté l’une des deux Ligues des champions qu’il a disputées » sous les couleurs du club ? N’est-ce pas plus cette déception qui a pesé dans la balance que celle de le voir manquer une séance de décrassage ? Surtout, « pourquoi une telle intransigeance aujourd’hui, alors qu’en début d’année il a été autorisé à prolonger ses vacances à Rosario ? »

La Nacion conclut par un tacle à l’égard d’un club qui « veut depuis longtemps s’imposer comme un membre incontournable des grands clubs européens, mais reste étrange et imprévisible, avec des accès de toute-puissance qui semblent protéger son orgueil plus que la rationalité ».

L’« animosité » du PSG à l’égard du Barça

En Espagne, aussi, et plus particulièrement en Catalogne, on prend la défense de l’Argentin. Pour le journal barcelonais Mundo deportivo, la chose est même très simple : le joueur « a traîné les pieds en ce qui concerne les propositions de renouvellement du PSG », or « le FC Barcelone ne cache plus son intérêt pour récupérer Leo à partir du 1er juillet afin de refermer la plaie de son départ inexpliqué en 2021 ». Et c’est bien « cet intérêt, compte tenu de l’animosité bien connue du club parisien à l’égard [du Barça] pour différents épisodes du mercato, [qui] a également influencé la réaction furieuse du club parisien à l’égard de l’Argentin ».

Interrogé en conférence de presse, l’entraîneur du FC Barcelone et ex-équipier de Messi, Xavi Hernandez, a, lui, botté en touche : « Avec Leo, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je ne peux pas me prononcer. » Si la presse catalane, comme une partie des socios, ne dissimulent pas leur envie de voir le fils prodigue revenir au Camp Nou, la donne est un peu plus compliquée. Et l’avenir de l’Argentin pourrait bien se jouer en Major League Soccer, aux Etats-Unis, ou en Arabie saoudite, aux côtés de son « rival » Cristiano Ronaldo.

Mercredi, la « Pulga » (la « puce ») était une nouvelle fois absente de la séance d’entraînement au Camp des Loges. Tout semble se diriger vers un divorce entre le champion du monde et le club qu’il a rejoint en août 2021, après 31 buts marqués et 33 passes décisives délivrées sous le maillot parisien. Le 30 juin, le septuple Ballon d’or sera libre de tout contrat et aura les cartes en main pour préparer son transfert.

Et La Nacion de résumer, sarcastique : « Quand Messi fera le bilan de ses deux saisons en France, son plus grand sourire sera à l’évocation de ce moment où il a réalisé son plus grand rêve : être champion du monde avec la sélection argentine. »

Source: Le Monde