Fusillade dans une école de Belgrade, un " jour noir " pour la Serbie
Une femme dépose des fleurs devant l’école Vladislav-Ribnikar, où a eu lieu la fusillade, à Belgrade. DARKO VOJINOVIC / AP
Tristement fréquente aux Etats-Unis, la scène est rarissime en Europe et jamais vue en Serbie. Mercredi 3 mai, peu après 8 heures 30, Kosta Kecmanovic, un jeune Serbe âgé d’à peine 13 ans est entré dans son établissement scolaire, une école réputée de Belgrade, pour tirer avec une arme semi-automatique sur sa professeure d’histoire et plusieurs de ses camarades, laissant derrière lui neuf morts – huit élèves, tous nés entre 2009 et 2011, et le gardien de leur école qui a désespérément essayé de l’arrêter. En début de soirée, le ministère des affaires étrangères à Paris a annoncé que l’une des victimes était de nationalité française.
A la suite de son odyssée sanglante dans deux salles de classe, le jeune tueur a appelé la police pour se dénoncer, il a été arrêté dans la cour de l’établissement. Les motivations de cet élève décoré en 2022 pour ses performances scolaires ne sont pas claires. « Tout le monde l’évitait dans sa classe car il était différent », a seulement assuré le président serbe, Aleksandar Vucic, en évoquant aussi des coups que l’élève aurait subis dans son école de théâtre en 2021. La police a en tout cas estimé que cette attaque avait été longuement préparée. « Le suspect avait tout planifié pendant des mois et il avait une liste de victimes, avec des objectifs prioritaires », a expliqué Veselin Milic, le chef de la police de Belgrade en présentant à la presse des croquis et des plans retrouvés auprès de l’auteur de l’attaque.
« Cela ressemble à quelque chose issu d’un jeu vidéo ou d’un film d’horreur, avec comment entrer dans quelle classe et comment liquider quel enfant », a assuré M. Milic. Parmi ses huit camarades tués, figurent sept filles. Une neuvième élève est par ailleurs toujours entre la vie et la mort, et trois autres se trouvaient encore mercredi soir en soins intensifs. Leurs camarades survivants interviewés par les médias serbes ont fait part de leur panique face à cette attaque. « Je pensais que quelqu’un lançait des pétards dans les couloirs, mais après j’ai vu le gardien tomber par terre parce qu’on lui avait tiré dessus », a raconté l’un d’entre eux, tandis qu’un autre a assuré n’avoir eu la vie sauve qu’en jouant le mort parmi ses camarades abattus.
Le choc est immense en Serbie
L’école visée, baptisée du nom du journaliste Vladislav Ribnikar, accueille des élèves jusqu’à l’âge de 15 ans environ. Située dans un quartier bourgeois de la capitale, elle est notamment reconnue pour ses sections d’enseignement en Français. Selon les premiers éléments de l’enquête, Kosta Kecmanovic a réussi à s’emparer du fusil semi-automatique de conception yougoslave et du pistolet détenus légalement par son père, un célèbre médecin, qui a été arrêté mercredi après-midi. Le père a témoigné avoir l’habitude d’amener son fils au stand de tir. Les profils sur les réseaux sociaux du tueur, rapidement effacés, ne contenaient pas beaucoup de détails.
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Source: Le Monde