Réforme du lycée pro : des stages rémunérés entre 50 et 100 euros, " ça reste peu élevé " pour les élèves

May 04, 2023
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« Objectif 100 % d’insertion professionnelle » pour les élèves des lycées pro. C’est la promesse d’Emmanuel Macron, qui a détaillé ce jeudi 4 mai sa réforme du lycée professionnel lors de la visite d’un établissement de Saintes (Charente-Maritime), devant un parterre de jeunes. « Je veux que le système redevienne la voie de l’emploi », a-t-il martelé, après avoir développé deux autres priorités : la lutte contre le décrochage scolaire et la revalorisation du travail des enseignants.

La moitié de ceux qui obtiennent un bac pro ne parvient pas à trouver un travail dans l’année qui suit l’examen, a rappelé le président de la République. Pour améliorer l’insertion des élèves, certaines filières, dont les taux d’emploi post-bac sont particulièrement bas, seront supprimées dans les régions où elles ne répondent pas à un besoin. Une « évolution de la carte des formations » nécessaire, selon le chef de l’État.

Pour « mieux valoriser l’investissement des élèves », Emmanuel Macron a dégainé l’arme des stages : ils seront rémunérés pour les lycéens professionnels dès la rentrée prochaine. La rétribution atteindra 50 euros par semaine pour les secondes, 75 euros par semaine pour les 1re et 100 euros pour les terminales. Le tout sera pris en charge par l’État, qui déboursera « un milliard d’euros par an en plus sur le lycée professionnel », annonce le Président.

VIDÉO. Réforme du lycée pro : ce qu’il faut retenir des annonces de Macron et de son déplacement à Saintes

« Même payés, on restera surtout de la main-d’œuvre facile »

Une nouvelle plutôt bien accueillie par les élèves, qui expriment cependant quelques réserves. « Dans ma filière, ça nous permettra d’acheter du matériel », souligne Mélanie, 17 ans, qui étudie la photographie. « Mais ça reste une rémunération peu élevée », remarque Antonin, en 1re de bac pro logistique à Niort (Deux-Sèvres). « Puisque je suis à l’internat, mon lycée me rembourse les frais kilométriques ou de train, et les déjeuners pendant les stages. J’espère que ça ne sera pas une excuse pour arrêter de le faire », pointe le jeune homme.

Mais pour ces lycéens, cette carotte financière ne suffira pas à régler un problème fréquemment rencontré : « En stage, on a l’impression d’avoir été pris pour faire les tâches ingrates, qui n’apportent rien à nos études », dénonce Antonin. Il n’est pas le seul. « Je pensais vraiment apprendre à connaître toutes les parties de l’entreprise durant mes stages, comprendre comment elle fonctionne. Mais comme beaucoup de mes camarades, je me suis retrouvé à passer le balai », renchérit Angelo, en seconde en filière commerce au lycée Victor-Laloux de Tours (Indre-et-Loire). « Même payés, on restera surtout de la main-d’œuvre facile et pas chère », remarque Elyséa du haut de ses 15 ans, en filière métiers de l’accueil au lycée Françoise-de-Grâce du Havre (Seine-Maritime).

Autre nouveauté annoncée à Saintes : « Pour ceux qui voudront s’insérer professionnellement dès leur bac en poche, la durée des stages sera augmentée de 50 % », a précisé le chef de l’État, portant la période de stage de huit à douze semaines en terminale, tandis que les élèves qui désirent poursuivre leurs études pourront bénéficier de quatre semaines de cours supplémentaires.

Source: Le Parisien