Meublés touristiques à Paris : " Non, à la transformation de logements en machine à cash ", réagit Ian Brossat
« On a besoin d’encore plus réguler ce phénomène, clame toujours aussi clairement Ian Brossat, adjoint (PCF) chargé du logement à la mairie de Paris. La Ville est au taquet de la réglementation concernant les meublés touristiques, mais elle ne peut pas aller plus loin que la loi ». L’annonce de l’encadrement toujours plus strict des locations meublées de tourisme, via une proposition de loi composée de trois articles principaux, a largement réjoui la Mairie. Elle sera défendue à la mi-juin dans l’hémicycle, et propose notamment d’étendre les pouvoirs des collectivités et de limiter les abattements fiscaux.
En déambulant dans le quartier de l’ultra-centre ce jeudi matin, aux côtés d’Iñaki Echaniz, député des Pyrénées-Atlantiques (PS) et de Dorine Bregman, adjointe à la mairie de Paris-centre, chargée des commerces, Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo, a tenu à rappeler que la capitale était prête à s’engager toujours plus loin dans la sauvegarde des logements disponibles pour les habitants permanents : « Il faut arrêter de faire des locations saisonnières à Paris, des investissements extrêmement lucratifs pour les multipropriétaires ».
« Non, à la transformation de logements en machine à cash »
La cible n’est pas de s’attaquer aux propriétaires habitants, qui louent leur logement dans la limite des 120 jours par an, qui pourrait être abaissée à 90 jours, mais bien à ceux qui ont fait de la location touristique leur fonds de commerce. « Des secteurs entiers de Paris vont être interdits aux créations de nouveaux meublés touristiques parce que nous considérons que l’offre est déjà très abondante et nous visons un étalement et un équilibre d’implantation dans Paris intra-muros », a expliqué Emmanuel Grégoire, citant Paris Centre, le Canal Saint-Martin, les Grands Boulevards, les Champs-Elysées ou encore Montmartre.
« Oui à la location occasionnelle et non, à la transformation de logements en machine à cash pour loger des touristes, résume Ian Brossat. La proposition de loi qui s’attaque particulièrement à la niche fiscale sur les locations touristiques et à l’interdiction de louer des passoires thermiques aux touristes, doit permettre d’éviter le grand danger que courent aujourd’hui les villes soumises à une forte tension immobilière : celui de voir les habitants ne plus pouvoir se loger sur leur propre territoire ».
Comment limiter la transformation des bureaux ?
« Paris a été la première ville à être impactée par Airbnb en France, avec notamment la raréfaction des surfaces de logement. Au départ, Airbnb se présentait comme un outil pour de la location occasionnelle et rapidement, un certain nombre de propriétaires transformait leurs logements en hôtels clandestins, dans une ville qui manquait déjà cruellement de logements. », expose Ian Brossat. Aujourd’hui, la Ville, qui compte officiellement 43.000 meublés touristiques - un chiffre largement sous-estimé selon la mairie –, et son arsenal réglementaire ont le pouvoir de freiner l’expansion du phénomène, mais craignent après la transformation des petits commerces, celle des bureaux, pour laquelle aucune législation n’existe à ce jour.
Selon Dorine Bregman, « un commerce sur huit a été transformé en meublé touristique au cœur de la capitale entre 2020 et 2022 ». Depuis janvier 2022, tout changement d’usage d’un commerce en meublé touristique est soumis à autorisation de la mairie et les logements transformés en locations touristiques doivent faire l’objet d’une double, voire d’une triple compensation en surface.
Source: 20 Minutes