Accusations de viol : absent à son procès, Donald Trump se défend par vidéo

May 05, 2023
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E. Jean Carroll quitte le tribunal de New York, le 4 mai 2023. MICHAEL M. SANTIAGO / AFP

Sa présence aurait fait sensation. Mais Donald Trump ne s’est pas déplacé, jeudi 4 mai, à New York pour déposer en personne dans le procès civil que lui intente une ancienne chroniqueuse du magazine Elle qui l’accuse de viol commis dans les années 1990.

Le jury a dû se contenter de visionner la déposition effectuée par Donald Trump durant la procédure, en octobre 2022, dans laquelle il nie fermement les faits présumés. A la fin de l’audience, le juge Lewis Kaplan, qui préside les débats, a fait confirmer à l’avocat de l’ancien président républicain qu’il renonçait au droit de témoigner devant les neuf jurés citoyens. Puis, « dans l’intérêt de la justice », il a encore laissé la porte ouverte à une apparition de toute dernière minute du milliardaire, « s’il change d’avis ».

Depuis l’un de ses golfs, en Irlande, Donald Trump avait assuré, jeudi, à des journalistes qu’il comptait « rentrer et affronter » son accusatrice, mais son avocat, Joe Tacopina, n’a donné aucune indication en ce sens.

Le procès doit reprendre, lundi, avec les plaidoiries finales des avocats des deux parties. Puis le jury se retirera pour décider si l’ancien président doit payer des dommages et intérêts à E. Jean Carroll, qui l’accuse, depuis 2019, de l’avoir violée au printemps 1996 dans la cabine d’essayage d’un grand magasin de luxe new-yorkais, et de l’avoir diffamée quand elle est sortie du silence.

« C’est une menteuse et c’est vraiment une malade (…) Je pense qu’elle est malade, elle a des troubles mentaux », répète, dans la vidéo diffusée jeudi, Donald Trump qui compte reconquérir la Maison Blanche en 2024. Il réitère qu’il ne connaît pas E. Jean Carroll, à l’époque chroniqueuse du magazine Elle, et réaffirme plusieurs fois qu’elle n’est « pas [son] genre ».

« De vieilles infos »

Il est alors confronté à une photo lors d’une soirée mondaine où il se trouve en face de la journaliste, des années avant leur rencontre présumée de 1996. Tout en affirmant qu’il ne se souvient pas de la scène, l’ancien président confond la plaignante avec son ex-épouse : « c’est ma femme… c’est Marla », dit-il, immédiatement corrigé par son avocate, qui lui précise que « c’est [E. Jean] Carroll ».

Le jury a aussi pu visionner un extrait d’une vidéo devenue célèbre, où l’on entend Donald Trump, en 2005, tenir des propos dégradants à l’égard des femmes. Il s’y vante de les embrasser et de les toucher à sa guise, puis ajoute : « Quand tu es une star, elles te laissent faire. Tu peux tout faire. Les choper par la chatte. »

« Ce sont vraiment de vieilles infos », réagit-il durant sa déposition, évoquant des « discussions de vestiaires. »

Selon un bilan des médias américains, Donald Trump a été accusé dans le passé par plus de vingt femmes de les avoir agressées sexuellement ou d’avoir eu des gestes déplacés à leur encontre. Il a toujours nié ces accusations et n’a jamais été poursuivi au pénal. Une condamnation au civil s’ajouterait à ces ennuis judiciaires, alors qu’il compte se présenter face à Joe Biden en 2024.

Pas de témoin oculaire

Début avril, fait sans précédent pour un ancien président américain, il a été inculpé au pénal à New York pour trente-quatre fraudes comptables et fiscales liées à des paiements pour étouffer des affaires embarrassantes avant la présidentielle de 2016.

E. Jean Carroll, 79 ans, a pu intenter un procès en vertu d’une loi de l’Etat de New York permettant aux victimes d’agressions sexuelles de relancer leur action en justice au civil, même en cas de prescription au pénal. La semaine dernière, elle a longuement témoigné et décrit comment sa rencontre fortuite avec Donald Trump, à l’entrée du magasin Bergdorf Goodman, s’était terminée par un viol dans une cabine d’essayage du 6e étage, déserté en ce début de soirée du printemps 1996.

Il n’existe pas de témoin oculaire ayant vu Donald Trump et E. Jean Carroll dans les rayons du magasin, mais deux amies de la plaignante ont confirmé devant le tribunal qu’elle leur avait confié, pour l’une quelques minutes plus tard, pour l’autre dans les jours suivants, qu’elle avait été « agressée » ou « attaquée » par l’homme d’affaires.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde