En Suède, l’extrême droite espère faire son " grand ménage " dans les administrations

May 05, 2023
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Le chef des Démocrates de Suède, Jimmie Akesson, tient une conférence de presse, à Stockholm, en Suède, le 19 septembre 2022. TT NEWS AGENCY / VIA REUTERS

Rarement une décision aura provoqué un tel tollé dans les universités suédoises. Annoncée le 27 avril, la modification des règles de nomination des conseils d’administration des établissements d’enseignement supérieur publics n’en finit plus, depuis, de susciter des réactions où se mêlent la colère et l’inquiétude. Recteurs, enseignants, chercheurs et étudiants : tous accusent le gouvernement de centre droit, soutenu par l’extrême droite, de mettre en danger la « liberté académique ».

Dans le système actuel, les conseils d’administration sont composés, pour une moitié, de représentants de l’université, et pour l’autre, de personnalités extérieures, nommées par l’exécutif, sur proposition de deux mandataires désignés par l’université et le gouvernement. Ce qui n’est pas sans poser problème, remarque Shirin Ahlbäck Öberg, professeure de science politique à l’université d’Uppsala et autrice d’un rapport sur la liberté universitaire publié en mars, car, dans ce système, les universités suédoises « sont considérées comme des agences gouvernementales et donc exposées au contrôle politique ».

Jusqu’à présent, cependant, un équilibre avait été trouvé : « Les partis ont compris l’importance de respecter une certaine distance et les gouvernements ont en principe approuvé les noms qui leur étaient proposés », constate la chercheuse. D’où la surprise causée par le communiqué du ministre de l’enseignement, Mats Persson, le 27 avril, annonçant que les conseils d’administration, nommés à partir du 1er mai, ne l’étaient que pour dix-sept mois contre trois ans habituellement, le temps pour le gouvernement de modifier les règles de sélection.

« Un contrôle politique accru »

Pour justifier ces changements, le ministre évoque la « situation sécuritaire ». Dans une interview au journal Dagens Nyheter, le 28 avril, il mentionne les risques d’infiltration des universités suédoises par des agents étrangers. Il fait aussi référence à des vols de brevets par des chercheurs originaires de Chine, d’Iran ou de Russie. « Nous avons été naïfs en Suède, et maintenant nous changeons de politique », se justifie Mats Persson.

L’explication « n’a pas de sens », réagit Marie Demker, politiste à l’université de Göteborg, en rappelant que les questions de sécurité ne font pas partie des compétences des conseils d’administration des universités. Annoncée sans préavis, la décision du gouvernement la plonge dans le désarroi : « Je ne peux m’empêcher de penser qu’on souhaite remplacer les membres actuels des conseils d’administration par des gens qui auraient les “bonnes” opinions. »

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Source: Le Monde