Rugby : Sébastien Vahaamahina contraint d’arrêter sa carrière après une nouvelle commotion cérébrale
On ne reverra plus Sébastien Vahaamahina sur un terrain de rugby. Dans un entretien à L’Equipe, le deuxième ligne international de Clermont a expliqué qu’il était contraint de mettre un terme à sa carrière, après une nouvelle commotion cérébrale en décembre.
Il s’agit de la dixième répertoriée en six ans, affirme-t-il dans cette interview publiée sur le site du quotidien sportif dans la soirée du vendredi 5 mai. « Il y en a eu d’autres, mais elles n’ont apparemment pas été enregistrées dans mon dossier médical. » « J’ai des symptômes de plus en plus forts après chaque commotion, avec un impact sur ma vie de joueur de rugby professionnel, mais aussi sur ma vie privée », raconte le joueur de 31 ans, évoquant ses « maux de tête », ses « vertiges » ou encore sa « fatigue ».
Sébastien Vahaamahina, qui compte quarante-six sélections avec le XV de France, n’a plus joué avec Clermont depuis le 10 décembre 2022 et un match face à la franchise sud-africaine des Stormers (24-14), en Champions Cup. « Une semaine après, j’ai voulu venir au stade en conduisant seul. Résultat : je me suis endormi sur le parking en arrivant tellement j’étais épuisé d’avoir conduit même pas quinze minutes. On a dû aussi repousser mon opération du nez car l’anesthésie n’était pas conseillée dans mon état », poursuit-il. Après deux opérations, l’ancien joueur de Brive et de Perpignan, arrivé en 2014 à Marcel-Michelin, a « repris une vie presque normale », mais il continue à vivre avec « une épée tranchante au-dessus de la tête ».
Des délais de repos non respectés
Dans cet entretien, le rugbyman reproche à la formation auvergnate de ne pas assumer ses responsabilités. « Cinq mois ont passé et [les dirigeants de Clermont] auraient pu me faire une proposition décente et claire pour terminer correctement mon histoire avec le club. S’ils ne l’ont pas fait, c’est qu’ils ne veulent pas le faire. Le club continue à gagner du temps et espérer que je baisse les bras. Je pensais mériter plus de respect. Je suis déçu et blessé. »
Dans la semaine, lui et son club ont reçu un courrier de la Fédération française de rugby (FFR) indiquant le retrait de sa licence ; une décision prise à la suite d’une lettre du médecin de l’équipe et d’une recommandation de la commission médicale. Sébastien Vahaamahina affirme n’avoir jamais été convoqué devant commission. « J’ai honte pour mon club alors que mon licenciement pour inaptitude est en cours, déplore le natif de Nouméa. J’ai beaucoup de mal à mettre les pieds au stade. J’ai dit aux dirigeants qu’ils avaient tout gâché, comme s’ils avaient tout effacé. J’étais programmé pour jouer, pour tout donner et performer. »
« Eux devaient et doivent nous protéger. Les joueurs ont des devoirs mais aussi des droits. Ils sont pressés d’en finir avec moi. Tout cela est injuste. (…) On est comme des voitures pour eux. Et quand on est foutu, on part à la casse », avance-t-il, estimant qu’« à plusieurs reprises les délais de repos après commotions n’ont pas été respectés ».
Sébastien Vahaamahina ajoute son nom à la liste grandissante de joueurs qui dénoncent les manquements des autorités sur ce dossier, tels l’ancien pilier des All Blacks Carl Hayman ou l’ex-talonneur du XV de la Rose Steve Thompson. Il est par ailleurs le troisième représentant de l’ASM à pointer l’attitude du club : le deuxième ligne Jamie Cudmore et le troisième ligne Alexandre Lapandry, eux, avaient déposé plainte contre la formation pour « mise en danger de la vie d’autrui ».
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde
