Dans l’Eure, un rassemblement bon enfant contre le projet de contournement autoroutier de Rouen
A Léry, dans l’Eure, des manifestants protestent contre le projet de contournement est de Rouen, le 6 mai 2023. LOU BENOIST / AFP
La lutte contre les projets routiers peut prendre des airs de festival bon enfant avec stands de maquillage, promenades dans les bois, conférences sous barnums et concerts à la nuit tombée. Samedi 6 mai, ils sont près de 2 000 à s’être rassemblés sur une vaste étendue herbeuse en lisière de la forêt de Bord, à Léry, petite commune rurale du nord de l’Eure. Tous sont là pour mettre « des bâtons dans les routes » – le nom de l’événement – au contesté projet d’autoroute A133-A134, reliant l’A13 (Paris-Caen) à l’A28 (Abbeville-Tours) et autrement dénommé contournement Est de Rouen, la capitale normande située à une trentaine de kilomètres.
Certains discutent, un verre à la main, allongés sur l’herbe. D’autres se restaurent à la cantine « à prix libre ». D’autres encore plantent leur tente sur un camping de fortune. Parmi les présents, des riverains, des écologistes, des associatifs, des élus locaux et nationaux, dont Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts ou encore Mathilde Panot, députée LFI… On peut même voir des éléments écologistes radicaux croiser Marc-Antoine Jamet, le secrétaire général du groupe de luxe LVMH et maire (PS) de la ville voisine de Val-de-Reuil.
Comme promis par les organisateurs, l’ambiance est « familiale, festive et déterminée ». Julien Leclerc n’a pas craint une seconde d’y emmener sa famille. « Ils sont habitués à faire des festivals », sourit le trentenaire, avant de s’indigner : « Mes gamins ont des problèmes pulmonaires. Le coin est déjà pollué, on a déjà l’autoroute A 13 et ils veulent nous en remettre une autre ».
Si des actions plus énergiques ne sont pas à exclure d’ici à la fin du rassemblement, lundi 8 mai, l’heure n’est pas à l’affrontement avec les forces de l’ordre, mobilisées en nombre mais quasi-invisibles samedi après-midi. Les autorités surveillent tout de même de près le rassemblement organisé par le collectif « Non à l’autoroute A 133 - A134 », auquel s’est joint le mouvement Les Soulèvements de la Terre, dont le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a réclamé la dissolution.
« Elle n’est pas encore advenue et n’a fait, au contraire, que renforcer la mobilisation », ironise au micro un représentant du mouvement. « Si vous voyez un drone, ne lui jetez pas de cailloux, c’est celui des Soulèvements de la Terre qui prend de belles images », plaisante une autre militante et élue écologiste de Rouen, Enora Chopard, en référence au préfet de l’Eure qui a vu retoquer, vendredi par le tribunal administratif de Rouen, son autorisation d’utiliser des drones pour filmer la manifestation.
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Source: Le Monde