Comment " Love Island " est devenue la téléréalité à suivre malgré les controverses

April 24, 2023
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TÉLÉVISION - Nabilla n’a qu’à bien se tenir, Delphine Wespiser prend les manettes. Ce lundi 26 avril à 23h15, l’ex-Miss France embarque les téléspectateurs de M6 dans la nouvelle adaptation française de la téléréalité britannique du moment Love Island. Le premier épisode est retransmis en deuxième partie de soirée, avant une diffusion en quotidienne sur W9 à 19h50.

« L’amour, c’est très important pour moi », nous a assuré la chroniqueuse de Cyril Hanouna, lors d’une conférence de presse organisée en amont du lancement. « Vous connaissez ma sensibilité pour le couple. L’amour, martèle-t-elle, c’est la chose la plus importante pour moi dans la vie. »

Le pitch de Love Island France est simple, il est calqué sur celui du phénomène anglo-saxon : une dizaine de célibataires se retrouvent dans une villa, ici à Grande Canarie, avec pour mission de se mettre en couple, dès leur arrivée. Et ce, sous l’œil avisé, donc, de Delphine Wespiser, présente à leurs côtés pour les guider, les consoler et les conseiller. Comme Nabilla Vergara a tenté de le faire dans la première édition française avortée du programme pour Amazon Prime, en 2020.

Au fil de l’aventure, les téléspectateurs sont, eux, invités à donner leur avis sur les candidats, par le biais d’une application téléchargeable gratuitement sur leur smartphone. Du choix des nouveaux entrants dans la villa aux missions, en passant par les looks des « Islanders », le spectateur est roi et devra in fine élire son binôme préféré. À la clé ? 20 000 euros à se partager.

Audiences, spin-off et éditions internationales

N’espérez pas tomber sur des visages familiers dans Love Island. La plupart ne sont pas connus des réseaux sociaux et ne sont pas des professionnels de la télévision. Pour combien de temps ? Au Royaume-Uni, une fois sortis de l’aventure, les candidats ne marchent plus dans la rue incognito. Ils alimentent chaque jour les pages people des grands tabloïds, le Daily Mail le premier.

Là-bas, le show de dating a été lancé en 2005 le temps de deux saisons avant de revenir à la télévision pour de bon à partir de 2015. Il fait un tabac. Et le mot est faible. Même si sa neuvième et dernière saison en date a semble-t-il été moins regardée en 2023, les chiffres sont confortables : trois millions de téléspectateurs ont suivi la finale. Le meilleur score pour un dernier épisode en quatre ans, nous dit Deadline.

Love Island, qui compte désormais deux éditions par an (une l’hiver, l’autre l’été), est aussi présente dans 19 pays, allant de l’Albanie au Canada, en passant par l’Australie, la Norvège, l’Afrique du Sud ou les États-Unis. Plusieurs projets de spin-off sont en cours de réflexion, dont une émission de rencontres pour parents célibataires. Une version LGBT+ n’est pas inenvisageable, apprenait-on d’un des producteurs, en 2018.

Quatre suicides

Pourtant, comme toutes les téléréalités, celle-ci n’est pas exempte de controverses. Depuis sa création, le programme a connu trois suicides, dont celui de sa présentatrice emblématique Caroline Flack, en 2020. Le petit ami de Sophie Gradon, candidate qui s’est donné la mort en 2018, s’est tué à son tour, une vingtaine de jours après elle.

Leur notoriété soudaine et l’exposition éclair liée à leur participation dans Love Island auraient gravement affecté leur santé mentale. C’est ce qui a poussé, en 2019, la production à prendre une décision. Une fois l’aventure terminée, tous les « Islanders » pourront bénéficier d’une thérapie et d’une formation pour apprendre à gérer leurs économies et leurs réseaux sociaux.

La réalité derrière la télé n’est souvent pas la même. Depuis les débuts, une critique remonte chaque saison, y compris dans les rangs des anciens participants. C’est l’absence de diversité chez les candidats. Les hommes sont grands et musclés. Les femmes, elles, sont minces (y compris une certaine Anna Vakili que la production britannique avait annoncée, en 2019, comme la première habitante « grosse » de la villa).

Les raisons d’un carton

Chez le public, les remontrances sont telles qu’elles ont poussé le big boss du show, Paul Mortimer, à sortir du silence, en 2018, lors d’une conférence au Edinburgh TV Festival. De un, il dit ne pas vouloir s’excuser de montrer « des corps séduisants ». Et de deux, que « si vous voulez ressembler aux gars de Love Island, vous devez faire de l’exercice ».

Ces propos dénigrants ont-ils fait polémique ? Non. Ont-ils jeté en pâture l’émission ? Non plus. Love Island ne faiblit pas. En partie grâce à son format interactif, nous dit Eva Roque dans Capture d’écrans sur France Inter. Car « il ne s’agit pas seulement de taper 1, 2 ou 3 pour sauver son préféré, mais bien d’écrire le scénario de l’émission », précise la chroniqueuse, selon qui « c’est très malin ».

Le ton de l’émission est drôle, grinçant et pince-sans-rire, des caractéristiques propres à l’humour anglais. « Si j’apprécie autant Love Island, c’est en partie parce qu’il est amusant de ne pas aimer les gens, écrit l’autrice Imogen West-Knights dans un édito pour le Guardian. Je ne dirais pas que c’est un aspect noble de l’expérience humaine, mais une expérience commune, dont je n’avais pas remarqué l’existence » jusqu’à ce qu’elle nous soit retirée pendant le confinement. Imogen West-Knights va plus loin : la téléréalité a comblé un vide dans sa vie sociale pendant la pandémie.

Parler au 16-34 ans

À l’instar des émissions similaires, Love Island véhicule les mêmes stéréotypes de genre hétéronormatifs, mais réserve certaines surprises, comme lorsqu’en 2016 Katie et Sophie sont devenues le premier couple lesbien du programme.

Mais si le dating show plaît autant à ceux qui le regardent (les 16-34 ans), c’est aussi parce que l’émission essaye de coller à leurs habitudes. En 2022, Love Island a mis un terme à son partenariat avec la marque de fast fashion I Saw It First au profit d’une collaboration avec eBay. Depuis, les candidats reçoivent une garde-robe constituée de pièces d’occasion. Au Royaume-Uni, comme un peu partout dans le monde, la jeune génération est la première cliente du marché du vintage.

L’édition française peut-elle faire mieux ? Va-t-elle connaître le même succès ? Ou sera-t-elle un simple recyclage de la formule ? Rendez-vous sur l’appli : les cartes sont bientôt distribuées.

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Source: Le HuffPost