Turquie : à une semaine de la présidentielle, Erdogan défend son bilan et attaque violemment l’opposition

May 07, 2023
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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors d’un rassemblement avant les élections présidentielle et législatives du 14 mai, à Istanbul, le 7 mai 2023. UMIT BEKTAS / REUTERS

A une semaine d’un scrutin crucial pour le pays, le contraste est saisissant. Non pas tant sur le nombre de personnes – plusieurs centaines de milliers – venues assister ce week-end à Istanbul aux deux grands rassemblements des deux principaux candidats à la présidentielle turque, le président sortant Recep Tayyip Erdogan et son adversaire Kemal Kiliçdaroglu, mais sur le fond des discours et leurs contenus.

Autant la coalition d’opposition a fait montre d’une diversité de tons et laissé, samedi 6 mai, ses six leaders exprimer à tour de rôle une palette de points de vue sur l’état de la nation avec des recettes et propositions variées, autant l’homme encore fort d’Ankara a monopolisé seul le micro pendant plus d’une heure et demie, le lendemain, sur le tarmac du vieil aéroport Atatürk, et délivré une parole plus guerrière que politique, parfois confuse et alourdie par quelques formules faciles. Un Erdogan à la logorrhée des grandes circonstances mais incapable, semble-t-il, de sortir de son discours polarisant.

« Dimanche 14 mai, nous allons envoyer à la retraite qui vous savez », a lancé d’entrée le président turc, en annonçant la présence de « 1,7 million de personnes, ici, aujourd’hui ». La foule, toutes générations confondues, est venue pour beaucoup en famille, avec des enfants en bas âge, ou par groupes de jeunes. L’immense majorité des filles et des femmes sont vêtues au minimum du foulard, parfois du voile intégral noir. Beaucoup d’hommes aussi, portant la barbe et le turban des confréries religieuses, ou tarikat. Sur les immenses parkings, pas moins de 10 000 bus avaient été affrétés au départ des 39 municipalités de la ville, selon l’AKP, le Parti de la justice et du développement, la formation créée en 2001 par Recep Tayyip Erdogan.

Le candidat à sa succession a ensuite fait huer l’opposition par la foule. « Kiliçdaroglu traîne avec des terroristes, on ne le laissera pas diviser le pays », a-t-il assuré, faisant allusion au soutien qu’a reçu son adversaire du HDP, le Parti démocratique des peuples (gauche et prokurde), que le président accuse d’être lié aux combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le bus de campagne du maire d’Istanbul caillassé

« En vingt et un ans, nous avons procuré des emplois et permis à 21 millions de personnes de vivre de leur travail. Nous avons construit 10,5 millions de nouvelles maisons et donné un toit à des familles », a-t-il poursuivi, avant d’étriller le bilan de ses opposants : « Eux n’ont même pas planté un arbre ni posé une seule pierre. Nous, on a remodelé ce pays. » Et d’ajouter : « Quand vous avez élu votre serviteur [à la mairie d’Istanbul en 1994], il n’y avait pas d’eau dans les quartiers et il y avait des montagnes d’ordures. Nous avons mis partout des équipements sportifs et rattaché 1,25 million de maisons au gaz naturel. C’est nous qui l’avons fait, allez leur expliquer tout cela ! » Applaudissements nourris.

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Source: Le Monde