" J’avais ordre de perdre " l’Eurovision : que signifie la petite phrase polémique d’Yves Bigot ?

May 08, 2023
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Le concours Eurovision de la chanson n’est pas à une polémique près. Alors que la 67e édition va se dérouler cette semaine à Liverpool (Royaume-Uni) avec deux demi-finales et une grande finale, samedi 13 mai, Yves Bigot a allumé une mèche en affirmant, dimanche 7 mai, dans l’émission Cmédiatique, sur France 5, qu’il avait reçu pour mission de ne pas faire gagner la France et la Belgique quand il travaillait pour France Télévisions et la RTBF.

Qui est Yves Bigot ?

Yves Bigot, 65 ans, a fait toute sa carrière dans le monde des médias et de la musique. Actuel PDG de TV5 Monde, il a travaillé pour plusieurs radios (RMC, RTL, France Inter, Europe 1….), plusieurs chaînes de télévision (Antenne 2, Canal +…) et collaboré avec de nombreux journaux et magazines. Il a aussi dirigé Phonogram France (devenu Mercury France) dans les années 1990.

À France 2, Yves Bigot a dirigé l’unité variétés, jeux et divertissements de 1998 à 2004, période pendant laquelle il gérait avec ses équipes la candidature française à l’Eurovision. Devenu ensuite directeur des programmes de la Deux puis patron de France 4, il a dirigé les programmes de la RTBF, en Belgique, de 2006 à 2008, héritant là aussi du dossier Eurovision.

Qu’a vraiment dit Yves Bigot ?

« Quand j’étais à France 2, j’avais ordre de perdre. Quand j’étais à la RTBF, j’avais ordre de perdre », a assuré Yves Bigot, ajoutant : « On m’a dit, si tu gagnes, on te vire. »

Pointant le coût pharaonique de l’organisation du concours, pour le pays lauréat, de l’ordre de « 20 à 25 millions d’euros », Yves Bigot a aussi affirmé que la RTBF avait été « obligée de licencier 2 000 personnes » après la victoire de la candidate belge Sandra Kim, à l’Eurovision 1986. Un nombre de suppressions d’emplois qui paraît largement surestimé. « L’organisation du concours l’année suivante avait déstabilisé les finances de la boîte qui avait mis des années à s’en remettre », a-t-il précisé au Parisien , sans donner de chiffres.

Comment se justifie Yves Bigot ?

Revenant sur ses propos auprès de nos confrères, l’ancien directeur des divertissements sur France 2 cite le concours Eurovision 1999, pour lequel il pensait avoir trouvé la pépite en la personne d’Emma Shapplin. « Je suis encore persuadé aujourd’hui que l’on aurait gagné », dit Yves Bigot, qui a finalement choisi une autre candidate après, assure-t-il, une discussion avec Xavier Gouyou-Beauchamps, le président de France Télévisions. « Je lui réponds : On va gagner, président. Et là, il ajoute : Surtout pas, ne faites pas ça ! »

Nayah, qui a représenté la France cette année-là, a terminé 19e sur 23, mais notre pays n’est pas passé si loin du succès, en 2004, avec la Canadienne Natasha St-Pier, quatrième. Mais ni la France ni la Belgique n’ont effectivement remporté le concours ces dernières années.

La France refuse-t-elle toujours de gagner ?

Yves Bigot, qui cite la somme de « 20 millions de francs » (et non pas euros) pour organiser le concours à une époque où le financement de l’audiovisuel public posait encore plus question qu’aujourd’hui, estime que les choses ont changé, comparé à la fin des années 1990.

Le coût pour le pays hôte tourne effectivement autour de 25 millions d’euros, en partie amorti par la billetterie et les retombées liées au tourisme. Surtout, la délégation française s’est donnée toutes les chances avec La Zarra, elle aussi originaire du Québec.

Êtes-vous satisfaits de la suppression annoncée de la redevance audiovisuelle ? Débattez !

Lire aussi : Eurovision 2023. Le sort n’a pas gâté La Zarra, la France doit-elle s’inquiéter ?

« On est venus pour gagner », répète Alexandra Redde-Amiel, directrice des divertissements et jeux de France Télévision, depuis son arrivée à Liverpool.

Source: Ouest-France