1 500 km au volant de la BMW 540d break et son 6-cylindres d’enfer
Restylée en 2020, la BMW Série 5 a conservé plusieurs versions de son 6-cylindres en ligne diesel. Dont la plus puissante, forte de 340 ch et 700 Nm de couple. A déguster sans modération, comme nous l’avons fait pendant 1500 km.
L’électrification galopant, chaque renouvellement d’une BMW amène à la même interrogation pour les amoureux de nobles mécaniques : le 6-cylindres en ligne, plat signature de la maison bavaroise, va-t-il disparaitre ? La question est encore plus légitime s’agissant du 3.0 turbodiesel, qui cède petit à petit sa place à des variantes 4-cylindres hybrides rechargeables plus favorables aux entreprises. La chasse au mazout étant ouverte depuis quelques années, difficile d’affirmer, par exemple, que nous aurons encore droit de déguster cette architecture sous le capot de la prochaine Série 5, attendue tout bientôt. Tant qu’elle existe encore, il faut donc profiter de cette mécanique. Précisément ce que nous avons fait pendant plus de 1 500 km entre l’Ile-de-France et la Corrèze à bord d’un break 540d Touring. Restylée en 2020, la bavaroise reste un must si l’on veut partir loin…et vite.
Performances et agrément XXL, consos XXS...
La BMW 540d Touring pourrait bénéficier d'un meilleur amortissement. © BMW
Certes, on est loin de la musicalité offerte par les "6-en-ligne" essence, mais il faut reconnaitre à son homologue diesel un rapport performances/consommations tout simplement bluffant. En version "40d", la puissance du 3.0 turbo est portée à 340 ch. Une lourde cavalerie qui permet à l’allemande, donnée pour 2 000 kg à vide, de coller au train de bien des sportives tant que la route est droite. Plus que la poussée qui donne l’impression de ne jamais s’arrêter, c’est le couple maximal de 700 Nm, disponible à 1 750 tr/mn, qui impressionne. A tel point que la transmission intégrale xDrive, imposée sur cette version, n’est pas superflue pour passer toute la puissance au sol et éviter les pirouettes dont seules les propulsions ont le secret. Plus encore si le revêtement n’est pas parfaitement sec…
Au volant de la 540d, pas de violence, mais la force tranquille d’un moteur qui tracte tout le temps, souvent sous les 2 500 tr/mn, parfaitement servi par une boîte automatique à 8 rapports aussi douce que réactive. A 130 km/h, le 3.0 tourne à 1 600 tr/mn et transporte l’équipage dans le plus grand calme, l’habitacle étant par ailleurs aussi sérieusement construit qu’insonorisé. Un côté soyeux que l’on retrouve aussi en ville, où le 6-cylindres distille même une sonorité agréable. Les arrêts et redémarrages imposés par le stop & start sont à peine perceptibles grâce à l’excellente action de la micro-hybridation 48V. Au diapason de cet agrément mécanique, un appétit à peine croyable pour un break de ce calibre. Sur nos 1 500 km de routes variées entre voies rapides, nationales et ville, le 6-cylindres nous a réclamé en moyenne 7,6 l/100 km. Un plaidoyer pour le diesel que ce moteur aussi agréable qu’économique à l’usage.
Qualité et ergonomie à bord
Intérieur très sérieux et flatteur de la BMW 540d Touring. © BMW
Heureusement, pour justifier son tarif de plus en plus salé – 76 900 € minimum pour un break 540d et carrément 102 015 € pour notre version optionnée…avant malus –, l’allemande déploie d’autres arguments que sa mécanique. Elle reste en effet une référence si l’on parle position de conduite ou ergonomie, cette "5" restylée n’ayant pas encore adopté la double dalle digitale de sa petite sœur Série 3 ou du monospace Active Tourer. Ecran tactile ou molette sur la console centrale, à vous de choisir pour gérer les fonctions du système multimédia ou les nombreuses aides à la conduite. Contrairement à d'autres constructeurs, BMW a encore le bon goût de laisser le choix à son conducteur et de ne pas réactiver aides au maintien dans la file et autres freinages automatiques d’urgence à chaque redémarrage de la voiture. Un bon sens qui mérite d’être souligné tant il est rare.
Un peu plus de rigueur !
Cela dit, tout n’est pas rose au volant de cette Touring. Si l’on y trouve à peu près son compte côté dynamisme avec un roulis bien contenu et une direction assez directe – quoique peu informative aux limites d’adhérence –, les suspensions restent très perfectibles. La plupart du temps, c’est une impression de confort qui se dégage avec une volontaire souplesse des ressorts, mais régulièrement, des percussions viennent perturber le confort à bord, l’amortissement – ici piloté – ayant bien du mal à les avaler.
Outre quelques remontées dans l’habitacle, évidemment accentuées par les très belles jantes M de 20 pouces, ce manque de rigueur pénalise la tenue de cap sur route très dégradée lorsque l’on circule à bon rythme. Pas de quoi détourner le regard de cette formidable machine à avaler des kilomètres quand on en a les moyens, mais on attend forcément un peu mieux de la part du constructeur bavarois côté plaisir de conduite.
Source: L'Automobile Magazine