" Bardot " sur France 2, plus qu’une ressemblance, Julia de Nunez en adéquation avec le personnage de BB

May 08, 2023
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Brigitte Bardot (Julia de Nunez) dans la série « Bardot », créée par Danièle et Christopher Thompson. CAROLINE DUBOIS/FTV/FEDERATION

C’est une séquence qui pourrait augurer du pire. La belle gosse de 20 ans, cheveux blonds détachés et regard fiévreux, ondule pieds nus sur la piste d’un dancing. « La fille ? C’est elle », dit simplement Raoul Lévy, qui s’apprête à boucler le casting de Et Dieu… créa la femme (1956), le film de Roger Vadim qui fit de Brigitte Bardot l’incarnation du désir pour la décennie suivante. Les six épisodes de Bardot sont la reconstitution, prudente et précise, de ses premières années de comédienne. C’est aussi une tentative de percer le mystère de ce visage, de ce corps et de cette voix-là, d’en dénicher les contradictions et d’en souligner le prix. La série de Danièle et Christopher Thompson y parvient souvent.

La responsabilité en incombe sans doute à Danièle, 81 ans, qui sait parfaitement ce qu’avoir été jeune fille dans les années 1950 veut dire. D’où la grande justesse du premier épisode, qui décrit l’immense besoin d’amour et de liberté d’une petite Parisienne des beaux quartiers qui, après avoir croisé Roger Vadim, rongera son frein jusqu’à sa majorité et un mariage qui lui permettra enfin de déserter le foyer familial.

La série, peut-être un peu trop courte, s’attarde sur les jeunes et glorieuses années de la star pour s’achever quelques mois après la naissance de son fils, en 1960. Avant Godard, donc, avant Gainsbourg, et surtout avant que Bardot n’en finisse avec cet art dont la série montre à quel point il l’a rendue malheureuse. D’ailleurs, le cinéma comme art est presque absent du récit, qui est scandé par les aventures sentimentales de « BB ». Vadim, Trintignant, Bécaud, Distel, Charrier… Conquête après conquête, la croqueuse d’hommes arrache sa liberté à une société qui entretient un rapport violemment ambivalent avec elle.

« Bardot », créée par Danièle et Christopher Thompson. THIBAULT GRABHERR/FTV/FEDERATION

Au troisième épisode, la jeune femme est exfiltrée d’une boutique prise d’assaut par les badauds dans un fourgon de police. « Brigitte, un bisou ! », crient les hommes. « Pute ! », hurlent les femmes. Cette liberté a le goût du refus – pour l’engagement, le (re) mariage, la maternité (et ce n’est pas rien de montrer à l’écran une femme qui ne veut pas d’enfant), et finalement le cinéma.

Enjeu du casting

Filmée par petites touches, la carrière de l’actrice est réduite à des rencontres ou des altercations, à quelques discussions techniques et à des instantanés de tournage. Tout juste Bardot laisse-t-il entrevoir l’inégalité des rapports entre la star et l’industrie, cinématographique et médiatique – « Tout sera toujours de ta faute », lui lance Henri-Georges Clouzot (Louis-Do de Lencquesaing) sur le tournage de La Vérité, le film qui devait rappeler au public que BB est une « vraie » actrice.

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Source: Le Monde