La vente d’Editis à Daniel Kretinsky se précise, tout doucement
Devant les locaux du groupe Editis, au 92, avenue de France, à Paris, le 25 février 2020. OLIVIER DION/LH/OPALE
La cession du numéro deux français de l’édition, le groupe Editis (qui détient cinquante-quatre maisons d’édition, dont 10/18, Bouquins, Bordas, Julliard, Plon, Robert Laffont…), à International Media Invest (IMI), filiale à 100 % du groupe CMI du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (actionnaire indirect à titre individuel du Monde), prend doucement forme.
Ce dernier a signé dimanche 23 avril une promesse d’achat d’Editis au vendeur, le groupe Vivendi, qui doit se séparer de ce groupe pour espérer obtenir d’ici à la mi-juin l’accord des autorités bruxelloises chargées de la concurrence à son offre publique d’achat (OPA) sur Lagardère. Cette opération lui donnerait officiellement le contrôle d’Hachette Livre, à la fois plus important, plus international et plus rentable qu’Editis.
IMI a précisé lundi 24 avril que le rachat d’Editis, « prévu dans les prochains mois, reste soumis à la consultation des instances représentatives du personnel et à l’obtention des autorisations réglementaires nécessaires ».
« Hasardeux »
Jusqu’à présent, la mission d’information-consultation engagée, tout début avril, et qui doit permettre aux différents comités sociaux et économiques (CSE) d’Editis de rendre un avis dans un délai de deux mois, semblait sérieusement patiner. Au point où l’entreprise missionnée par les responsables des personnels du groupe d’édition, le groupe Alpha Secafi-Semaphores, déplorait le 19 avril un manque d’accès aux informations sur la cession.
« Dans ce contexte, il nous paraît hasardeux pour les CSE de rendre un avis éclairé sur le projet », écrivait l’un des associés aux représentants du personnel, en les enjoignant à demander à la direction de remettre l’avis des CSE « postérieurement à la remise des conclusions de la Commission sur le projet ». Force ouvrière avait déjà officiellement demandé « l’annulation ou la suspension » de cette information-consultation. Vendredi 21 avril, la direction des ressources humaines d’Editis a annoncé aux coordinateurs syndicaux qu’un délai « de quelques jours » serait accordé.
Denis Olivennes, président du conseil de surveillance de CMI France, devait finalement être entendu lundi 24 avril après-midi par les experts du groupe Alpha Secafi-Semaphores et s’engager à leur fournir tous les documents qu’ils attendent. Le bras droit de Daniel Kretinsky dans l’Hexagone a aussi annoncé sa volonté de rencontrer, de façon bilatérale, tous les représentants des organisations syndicales d’Editis.
Des mois d’atermoiements
Après des mois d’atermoiements, la cession d’Editis semble entrer dans une phase plus concrète. La décision de Bruxelles sur le rachat de Lagardère par Vivendi est attendue d’ici au 14 juin, mais les autorités de la concurrence devront encore donner deux décisions, l’une sur la forme de la cession d’Editis : à 100 % pour répondre aux griefs de la Commission et non plus, comme dans le précédent schéma refusé, une vente de près de 30 % du capital à un actionnaire de référence accompagnée d’une mise en Bourse d’Editis.
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Source: Le Monde