Elargissement de l’UE : " Evitons le choc d’un passage de 27 à 35 Etats membres "
Au commencement, ils étaient six. Aujourd’hui, vingt-sept. Demain, trente-cinq ? La déclaration Schuman du 9 mai 1950, qui a lancé la première Communauté européenne, voulait que celle-ci soit « le ferment d’une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par des divisions sanglantes ». L’élargissement n’est pas un détournement du projet européen, mais son accomplissement. Ce faisant, il n’opère pas une simple extension du domaine de l’acquis communautaire. Une Europe incluant les Balkans occidentaux [Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro et Serbie], l’Ukraine et la Moldavie ne sera pas la même Union en plus grand.
Lire aussi l’éditorial du « Monde » : Accueillir l’Ukraine dans l’UE exige clarté et créativité Ajouter à vos sélections Ajouter à vos sélections Pour ajouter l’article à vos sélections
identifiez-vous S’inscrire gratuitement
Se connecter Vous possédez déjà un compte ?
Le changement d’échelle se déroule en même temps qu’un changement d’époque, marqué par la brutalisation des rapports de force internationaux et par la dégradation du climat. C’est pourquoi élargissement et approfondissement ne sont pas à opposer, mais à articuler. Ils ne sont ni à repousser ni à précipiter, mais à anticiper dans toute leur complexité, pour en débattre lors des élections européennes, dans un an.
Ce n’est pas à l’Ukraine d’imposer son tempo à l’élargissement. Kiev compte obtenir l’ouverture des négociations d’adhésion dès la fin de l’année. Et viserait une entrée d’ici à 2030. Mais les récents déboires en Pologne, en Roumanie et dans d’autres pays de l’Est, devant l’afflux de céréales ukrainiennes, transitant sans droits de douane sur leurs marchés, illustrent les conséquences parmi tant d’autres d’une entrée trop immédiate d’un grand pays.
L’impensé turc
Entre la hâte et l’enlisement, entre l’intégration pleine et entière et l’entrée sans cesse retardée, il y a place pour une adhésion à rythme soutenu, mais par étapes successives. En somme, pour une intégration graduelle. Les Vingt-Sept ont demandé à la Commission d’étudier cette voie nouvelle qui organiserait un temps d’appropriation institutionnelle du pays candidat, d’absorption progressive des fonds européens, de premières réalisations concrètes et de gages au respect effectif de l’Etat de droit. Un temps, aussi, d’acclimatation des opinions publiques.
A leur égard, évitons le choc d’un passage de vingt-sept à trente-cinq Etats membres de l’Union en un seul coup. L’augmentation des Etats composant l’UE gagnerait à s’opérer graduellement. Sans craindre, à l’arrivée, de se compter nombreux. Les circonstances, d’abord, commandent l’action : avec le Covid-19 et la guerre, les Vingt-Sept ont pris des décisions plus lourdes que l’Europe des Quinze.
Il vous reste 33.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source: Le Monde