Crédit immobilier : jusqu’à quand les taux vont-ils augmenter ?
Tous les fins experts de l’immobilier le répètent sans cesse : « Tous les déséquilibres économiques et financiers nés durant la crise sanitaire liée à la Covid-19, avec une hausse de l’inflation et des matériaux de la construction, se sont renforcés dès octobre 2021, notamment dans le secteur du logement et du marché du crédit. » Et, depuis cette période, l’envolée « inédite » des taux des crédits immobiliers aux particuliers continue de grimper.
En avril 2023, c’est de nouveau la douche froide, avec un taux moyen des crédits du secteur concurrentiel (hors assurance et coût des sûretés) qui dépasse pour la première fois la barre des 3 % (3,15 %) et 3,19 % pour l’accession dans le neuf et dans l’ancien, d’après les calculs de l’Observatoire Crédit Logement CSA. Dans le détail, le taux à 15 ans a atteint 3,03 % ; celui à 20 ans, 3,21 % ; et celui à 25 ans, 3,38 %. De quoi contrarier voire écarter un grand nombre d’emprunteurs. De plus, la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de relever une nouvelle fois ses taux directeurs de 25 points de base, le 4 mai, devrait, une nouvelle fois, faire bondir les taux de crédit accordés par les banques.
« Les taux d’usure ne sont pas près de baisser »
Par ailleurs, les nouveaux taux d’usure publiés au Journal officiel le 27 avril 2023 sont révélateurs. Ils dépassent les 4 % pour les prêts entre 10 et 20 ans et atteignent même 4,52 % pour les plus de 20 ans. « Le taux d’usure est le taux maximal auquel une banque a le droit de prêter de l’argent. Il doit prendre en compte à la fois le taux du crédit mais aussi celui de l’assurance emprunteur et les frais de dossier », rappelle Caroline Arnould, directrice du développement du courtier CAFPI, réseau de 230 agences en France et présidente de l’Association professionnelle des intermédiaires en crédit (APIC). « Ces taux d’usure ne sont pas près de baisser ! Ils devraient atteindre les 5 % en juin prochain », alerte Caroline Arnould.
Par ailleurs, « les prix de l’immobilier arrêtent d’augmenter et le pouvoir d’achat est assez freiné sur l’ensemble des territoires, en Bretagne également », observe Caroline Arnould. « Le profil emprunteur en Bretagne au premier trimestre 2023 est de l’ordre de 219 757 euros, avec un montant de taux d’apport de 18,1 % alors que, pendant des années, on a pu emprunter sans ou avec des petits apports », explique-t-elle.
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« Na pas pousser au surendettement des Français »
« L’accès au marché devient de plus en plus difficile. Depuis février 2023, on entend sortir des explications, notamment de groupes immobiliers, qui avancent que la hausse des taux des crédits immobiliers a provoqué une chute de la demande et une fermeture de l’accès au marché », explique Michel Mouillart, professeur d’économie à l’université Paris-Ouest et porte-parole de l’Observatoire Crédit Logement CSA. « La crise de l’immobilier est ancienne (…) Les conséquences sont simples pour les emprunteurs dans les prochains mois : on va se retrouver avec un renforcement des taux de crédits et une chute encore plus forte du secteur de l’immobilier », confie-t-il.
La Banque de France ne veut pas « pousser au surendettement des Français », a réagi, vendredi, son gouverneur François Villeroy de Galhau, après que le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a dit jeudi vouloir discuter d’aménagements aux conditions actuelles d’emprunt immobilier.
Source: Le Télégramme