Le drapeau européen divise l’Assemblée nationale

May 10, 2023
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La mairie de Vaux-en-Beaujolais (Rhône), le 26 décembre 2019. PHILIPPE DESMAZES / AFP

Cette proposition de loi était avant tout symbolique, mais elle aura électrisé durant plusieurs heures les débats à l’Assemblée nationale. Mardi 9 mai, les députés ont entamé sans avoir pu aller au bout, faute de temps, l’examen d’un texte porté par Renaissance visant à rendre obligatoire le pavoisement des drapeaux français et européen sur le fronton des mairies.

Tout au long des discussions, qui reprendront mercredi après-midi avec l’étude de la trentaine d’amendements restants, les oppositions ont critiqué à l’unisson un texte au contenu « inutile », « coûteux pour les mairies » et « en décalage avec les attentes des Français ». Celles-ci ont néanmoins échoué à adopter, mardi soir, une motion de rejet préalable portée par les « insoumis » (121 voix contre 161) et des amendements de suppression de la proposition de loi venant du Rassemblement national (RN), de La France insoumise et du groupe Les Républicains (LR) en ne récoltant que 160 voix, contre 169 pour la coalition présidentielle appuyée par sept députés écologistes. Un résultat toutefois serré qui rend incertaine l’issue du vote, mercredi, sur la proposition de loi.

« Un texte symbolique n’est pas forcément anecdotique, a tenté de défendre le rapporteur et député du Val-de-Marne Renaissance, Mathieu Lefèvre. Il est là pour rappeler notre attachement à la construction européenne dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et du Brexit. » Le groupe macroniste avait souhaité l’inscrire à l’agenda le jour de l’anniversaire du discours de Robert Schuman le 9 mai 1950, considéré comme fondateur de la construction européenne.

Dissensions dans la majorité

« Vous abaissez notre Assemblée, a rétorqué l’élu « insoumis » de l’Essonne Antoine Léaument. Comme vous n’arrivez pas à tourner la page de la réforme des retraites, vous faites diversion avec des textes sans consistance et sans intérêt. » « Quel sens du timing vous avez pour imposer ce débat alors qu’il y a tant de sujets plus urgents ? », a de son côté ironisé la députée LR du Doubs, Annie Genevard. « Notre calendrier parlementaire est-il si vide qu’il soit nécessaire de le combler à coups de propositions de loi symboliques ? », s’est aussi interrogé le député du Morbihan Liberté, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT), Paul Molac. Avant de lister les sujets « sur lesquels nos citoyens ne cessent de nous alerter : les déserts médicaux, l’adaptation au changement climatique, le problème du logement… »

De son côté, le RN s’est opposé à ce texte en défendant des amendements pour « réaffirmer la primauté » du drapeau français et enlever toute mention du drapeau européen. « Il n’y a que trois couleurs face auxquelles les Français s’inclinent : le bleu, le blanc et le rouge », estime le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy.

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Source: Le Monde